Intervention de Didier Guillaume

Réunion du jeudi 8 novembre 2018 à 10h15
Mission d'information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate

Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation :

Je partage également les convictions de Dominique Potier, avec qui j'ai travaillé au cours du précédent quinquennat. Lors de l'examen de la loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt, après des heures de débat à l'Assemblée nationale et au Sénat, nous avons pris la décision de confier à l'ANSES la délivrance des autorisations de mise sur le marché des produits phytosanitaires et des matières fertilisantes, jusque-là du ressort au ministère de l'agriculture. Il s'agissait d'un véritable choix de société, basé sur le principe de précaution.

Nous sommes des responsables politiques et nous prenons des décisions politiques en fonction du principe de précaution. Qui peut le moins peut le plus, mais ce sont les autorités sanitaires et les scientifiques qui doivent prendre les décisions.

S'agissant du bio et de la HVE, je sais le travail que vous avez mené, Monsieur Potier, avec M. Jean-Baptiste Moreau. Il faut évidemment aller dans cette direction.

Madame Toutut-Picard, vous avez cité Mme Buzyn, mais Mme Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, aurait également mérité de se trouver parmi nous. Le travail que nous menons concerne nos quatre ministères. Mme Vidal copréside d'ailleurs le comité « Écophyto ». Il est important de lutter contre l'obscurantisme et de faire prévaloir la réalité scientifique. Le plan de réduction des produits phytosanitaires comporte aussi un volet d'éducation aux impacts sur la santé.

Sur le coût du conseil, M. Didier Martin, une chose est sûre : si l'agriculteur utilise moins de produits phytosanitaires, ses dépenses baisseront. C'est en tout cas le pari que nous devons faire : cela ne lui reviendra pas forcément plus cher. Je considère la séparation de la vente et du conseil comme absolument indispensable. Il y a néanmoins des organismes qui travaillent bien. Nous allons nous pencher sur cette question.

Les chambres d'agriculture sont représentées dans la task force glyphosate et seront donc partie prenante de notre démarche. Quant au coût lui-même, il est difficile à évaluer : vous avez parlé de 5 euros l'hectare, mais le glyphosate, en coût complet, représente environ 20 euros l'hectare. Tout dépend bien sûr de la filière. La sortie du glyphosate pourrait aller très vite dans la viticulture, avec une conversion totale. Nous devons juste encourager les acteurs, d'autant que la viticulture n'est pas la filière agricole la plus en difficulté à l'heure actuelle.

Reste que la question posée par M. Didier Martin est essentielle. Si nous voulons réussir, les chambres d'agriculture doivent être pleinement associées à notre stratégie. Faut-il réorienter leurs missions ? En toute honnêteté, je ne peux vous le dire aujourd'hui. Il s'agit néanmoins d'une question très importante, à laquelle nous allons réfléchir.

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