Intervention de Brigitte Delanchy

Réunion du jeudi 4 avril 2019 à 11h00
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

Brigitte Delanchy, directrice générale du groupe Delanchy :

La transition énergétique doit se faire rapidement, avec une vision claire et à long terme. En tant que représentante d'une entreprise de transport, je crois pouvoir dire qu'il n'y a pas de freins humains au sein du transport de marchandises routier. Les consciences sont éveillées. Il va nous falloir réussir ensemble mais avant tout changer ensemble. Si par le passé le transport fluvial, le transport ferroviaire et le transport routier se sont opposés, ne serait-ce pas le moment d'envisager une nouvelle manière de concevoir les choses ?

Il ne s'agit pas pour autant de stigmatiser le bon vieux moteur diesel qui n'est pas le diable qu'on se plaît à présenter. La mixité des carburants est nécessaire aujourd'hui.

Nous avons besoin que les pouvoirs publics impriment une volonté. Les initiatives privées existent, ce qui est une note positive. Elles sont soutenues par nos différents collaborateurs et elles pourront l'être par toute sorte d'acteurs si on ne procède pas de manière hégémonique et qu'on laisse plus de temps à certaines entreprises. Il manque simplement des déclencheurs.

Les gouvernements doivent pouvoir s'opposer à la gouvernance de l'Europe. Y a-t-il besoin d'autant de normes ? Faut-il vraiment aller vers des normes Euro 7, Euro 7+, voire Euro 8 qui imposeraient aux constructeurs de délais très courts pour s'y conformer ? Les budgets de développement ne devraient-ils pas plutôt être consacrés à l'émergence de nouvelles énergies ? Nous sommes lestés par la lourdeur administrative des réglementations alors qu'on nous parle d'un monde agile et souple.

Il faudrait parvenir à fédérer les initiatives privées au niveau national. La France a des atouts incroyables. Elle est très en avance en matière de gaz. Des circuits courts permettraient de favoriser le biogaz. Il importe d'apprendre à vivre ensemble dans une économie qui soit davantage circulaire. Nous ne devons pas transporter l'énergie que nous consommons. Et si nous produisons de l'énergie, il faut pouvoir la remettre dans les réseaux pour qu'elle profite à d'autres utilisateurs. Je suis persuadée que nous avons la capacité de réussir ensemble aujourd'hui.

Je considère qu'il faut faciliter les passerelles entre la recherche et les applications industrielles. Je suis une fervente partisane de l'hydrogène mais je déplore que les merveilleuses recherches menées à Grenoble par le Laboratoire d'innovation pour les technologies des énergies nouvelles et les nanomatériaux (LITEN) du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) restent dans un caisson étanche. Comment les ouvrir aux constructeurs ? Comment faire en sorte que nous testions ces nouvelles technologies pour en faire ensuite profiter le plus grand nombre ? Nous avons besoin de vous pour décloisonner. C'est grâce aux porteurs de projets que nous pourrons atteindre demain l'ensemble de la profession. Au sein du transport routier de marchandises, il n'y a plus personne à convaincre. Nous savons tous que nous n'avons qu'une seule planète. Nous ne souhaitons pas être pointés du doigt comme étant les plus gros pollueurs au monde. Nous avons la capacité à rebondir rapidement : il est dans notre ADN de savoir être agiles puisque les flux hyper-rapides sont notre quotidien. Préparez-nous un terrain fertile pour nous permettre de nous adapter.

Aujourd'hui, les consommateurs sont en train de changer leurs habitudes. Et certains commerçants ne savent pas quel sera le commerce de demain. Ne rendons pas complètement imperméables les centres-villes. Certaines municipalités interdisent leur accès aux poids lourds et aux véhicules diesel, de sorte que vous voyez s'y multiplier de petites camionnettes qui ne sont pas soumises aux normes. Ceux qui les conduisent ne sont astreints à aucune exigence professionnelle et peuvent se rendre coupables d'incivilités ou d'infractions au code de la route alors que les professionnels de la route que sont nos chers collaborateurs sont relégués aux portes des villes. Est-ce souhaitable ? Quelles solutions trouver ensemble ? Ne pourrait-on envisager une harmonisation des décisions municipales afin d'éviter toute anarchie et toute application brutale ?

Bref, nous avons besoin de vous pour travailler ensemble.

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