Intervention de Didier Léandri

Réunion du jeudi 4 avril 2019 à 11h00
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

Didier Léandri, président du Comité des armateurs fluviaux :

Si le transport fluvial et le transport ferroviaire restent cantonnés dans leurs marchés historiques, ils n'auront aucune perspective de contribution supplémentaire à la transition énergétique, au règlement de la question de la saturation de certaines parties du réseau routier ou à la réduction des nuisances.

Notre secteur est tout entier tourné vers la diversification de ses marchés, dont le transport de conteneurs. Par construction, le conteneur héberge plusieurs lots appartenant à différents clients, et c'est le marché de la grande consommation et du petit lot qu'il doit viser. Nous avons la chance que des volumes considérables transitent dans les ports maritimes ; la situation est d'ailleurs paradoxale, car il n'y a jamais eu autant de flux entrants dans les ports maritimes français qu'aujourd'hui.

Les nouvelles alliances maritimes conduisent à une très grande concentration de l'activité sur trois jours de la semaine, ce qui nécessite ensuite de passer le goulot d'étranglement du port pour distribuer à l'autre bout de la France la brosse à dents que le client a commandée sur Amazon. Dans ce contexte, les extrêmes se combinent, et je ne crois pas que le transport fluvial ou ferroviaire puisse constituer une solution universelle.

En revanche, une contribution de quelques points supplémentaires de ces modes de transport dans le volume global serait de nature à diminuer un certain nombre de phénomènes importants de nuisances. Nous ne prétendons toutefois pas porter la part du transport fluvial à 20 % et celles du transport ferroviaire à 50 %, c'est totalement impossible.

Par ailleurs, je rappelle que nous faisons déjà la livraison de petits colis ; depuis quatre ans, des barges porte-conteneurs accostent au port de la Bourdonnais, aux pieds de la tour Eiffel, pour livrer les magasins Monoprix de Paris. Un modèle économique autour de cette activité ne peut cependant pas exister si ni l'effet d'intégration et d'image, ni les externalités, qui ne le sont pas aujourd'hui, n'y sont intégrés.

Ainsi, un certain nombre de solutions pouvant sembler hors cadre ne sont-elles pas encore rentables, mais il est possible de rebâtir un modèle économique autour d'elles ; nous en sommes convaincus. Au mois de juin prochain, une ligne parisienne de desserte fluviale de messagerie va être lancée à Paris, avec de la préparation de commandes à bord des bateaux. Avec un peu d'imagination, on peut développer ce type de solutions, en ayant toutefois conscience qu'elles ne seront jamais majoritaires dans le concert des modes de transport.

Vous avez évoqué, monsieur le président, le cas des stations d'avitaillement. Une initiative est effectivement à prendre dans le cadre de la LOM sur la question de la transversalité. Beaucoup d'initiatives sont prises dans le domaine de la transition énergétique, mais elles sont isolées, et demeurent cloisonnées par mode de transport ; en quelque sorte, nous ne nous parlons pas. Cela est d'autant plus regrettable que les activités de recherche-développement comme d'application nécessitent beaucoup de moyens, et c'est pourquoi j'appelle à leur mise en synergie entre les différents modes de transport.

Aujourd'hui, par exemple, la production de moteurs pour le secteur fluvial en Europe représente 150 unités par an ; il est évident que les motoristes ne vont pas investir dans la recherche-développement pour ces engins. En revanche, combien de moteurs routiers sont-ils produits chaque année en Europe, monsieur Daly ?

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