Monsieur le rapporteur, je tiens tout d'abord à vous remercier pour votre pugnacité sur le dossier des préenseignes des restaurants dans nos zones rurales, supprimées par la loi du 13 juillet 2015, sous la précédente législature. J'aurai plaisir à travailler avec chacun d'entre vous, dans le groupe d'études sur la gastronomie, qui vient d'être créé, tant l'alimentation est structurante pour notre économie et de notre art de vivre à la française.
Malheureusement, notre pays se distingue dans un autre domaine : la technocratie. Au nom de quoi les restaurateurs des centres-bourgs de nos territoires n'auraient-ils plus le droit de se signaler à l'aide de panneaux dont les dimensions sont d'ailleurs, comme cela a été rappelé, de taille assez modeste – 1 mètre carré – et de dire tout simplement qu'ils existent, alors que fleurissent sur des écrans géants des publicités pour les fast-foods ? Dans le pays de la gastronomie, où le repas des Français est classé au patrimoine culturel immatériel de l'humanité, Brillat-Savarin et Grimod de La Reynière doivent se retourner dans leurs tombes.
Vous l'aurez compris, cela nous met un peu en colère – mon cher collègue Ramos ne me contredira pas – , encore plus lorsque cette même technocratie nous renvoie vers le tout-numérique. Tout le monde ne possède pas le dernier téléphone mobile à la mode et le réseau est encore loin de passer partout, comme cela a été fréquemment rappelé. C'est une preuve de plus que le tout-numérique aggrave les inégalités.
La réalité, c'est que l'interdiction des préenseignes a rendu invisibles sur les routes de nombreux restaurateurs ruraux, qui ont perdu une part significative de leur activité. C'est inacceptable car ces entrepreneurs indépendants contribuent à la vitalité de territoires. Derrière nos hôteliers-restaurateurs, il y a du tourisme, des filières agricoles de qualité, de l'emploi et de l'apprentissage dans les métiers d'avenir, à tous les niveaux de qualification.
Toutes ces raisons nous invitent à rétablir sans tarder l'autorisation d'installer des préenseignes dérogatoires hors agglomération pour nos restaurants, vitrines du savoir-faire de nos terroirs.