Intervention de Ugo Bernalicis

Séance en hémicycle du lundi 13 mai 2019 à 21h30
Transformation de la fonction publique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaUgo Bernalicis :

Tiens donc ! Fort bien ! Le taux de la contribution sera donc maintenu à 0,9 % ? Le CNFPT ne deviendra pas un établissement public à caractère industriel et commercial ? Il ne sera pas mis en concurrence avec les autres organismes formateurs ? Si je me suis trompé, c'est une très bonne nouvelle. Je vais d'ailleurs annoncer aux intéressés, qui nous écoutent peut-être ce soir, que le problème est réglé. Pas d'attaque contre le CNFPT : tant mieux ! Mais attention, monsieur le secrétaire d'État : je vous prends au mot !

Pourquoi les mobilités sont-elles de plus en plus difficiles dans la fonction publique ? Ce n'est pas compliqué : dès lors que vous diminuez le nombre de postes, que vous ne remplacez pas les départs en retraite, vous restreignez forcément les possibilités de mobilité ! Comment faire, si un poste auquel on voulait candidater est supprimé sitôt que celui ou celle qui l'occupait part en retraite ? Forcément, il n'y a plus grand-chose à se mettre sous la dent : cela sclérose tout le système. La mobilité devient possible dès lors que l'on crée des services, que l'on déploie l'administration, la fonction publique ! La plus belle mesure en faveur de la mobilité, c'est donc d'embaucher des fonctionnaires, d'ouvrir des postes. C'est alors que vous libérez les énergies, en quelque sorte. Plutôt que de supprimer 120 000 postes, embauchez donc 120 000 fonctionnaires ! À mon avis, quelques milliers de fonctionnaires supplémentaires pour lutter contre l'évasion fiscale, par exemple, ça ne ferait pas de mal.

Finalement cette réforme, logique, s'inscrit dans la lignée des vagues successives anti-fonctionnaires : privatisation, désorganisation, rationalisation, mutualisation, RGPP, MAP, CAP 22. Vous y ajoutez le CDD de chantier ; on se demande pourquoi, d'ailleurs, vous n'en avez pas fait un CDI – mais, finalement, la démarche a le mérite de l'honnêteté. Ces contrats de projet ne feront qu'accroître la précarité des agents publics.

Pour parachever cette oeuvre, vous prévoyez de continuer à geler le point d'indice, alors que les fonctionnaires ont déjà fait tant d'efforts. Selon l'Institut Montaigne, cité tout à l'heure par un collègue, sur les dix dernières années, les fonctionnaires ont perdu 10 % de pouvoir d'achat ! Voilà la réalité : eux contribuent au désendettement, à l'intérêt général. Et les 57 milliards du CAC40, eux, à quoi contribuent-ils ? Et les « premiers de cordée », à quoi contribuent-ils, en dehors de la reconstruction de Notre-Dame, sous couvert d'une défiscalisation à 90 % ? Il serait peut-être temps, dans ce pays, de partager pour renforcer la fonction publique et défendre les fonctionnaires qui la composent, car c'est cela, au fond, cela et rien d'autre, qui fait vivre l'intérêt général.

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