Je pourrais multiplier les exemples. Soyons honnêtes : nous savons très bien que certaines de ces rigidités coûtent très cher.
Au sein du groupe Libertés et territoires, nous sommes très attachés à la différenciation des territoires – Paul Molac et Michel Castellani, présents dans notre hémicycle, ne diront pas le contraire. L'uniformité n'a pas de sens. Donnons un peu de souplesse aux collectivités territoriales, en respectant le cadre républicain et certaines règles – il ne s'agit pas de laisser faire tout et n'importe quoi – , mais laissons les acteurs du terrain prendre des initiatives ! Mettons en place des expérimentations ! Laissons-leur la capacité de répondre aux aspirations profondes des territoires !
La déconcentration doit être adaptée aux besoins des territoires. Je crois que le Gouvernement a entendu le message, mais je le répète : on ne peut pas concentrer la plupart des services de l'État dans les villes préfectures. Ce matin, nous avons encore appris que l'on continue de retirer les agents de la fonction publique d'État des départements pour les affecter dans les régions. Or ces grandes régions peuvent compter jusqu'à treize départements. Il en est de même pour les rectorats : comme je le disais à Jean-Michel Blanquer, les services du rectorat sont souvent implantés dans la métropole régionale, dans la capitale de la grande région, et 500 kilomètres peuvent séparer ces rectorats des sous-préfectures ou des écoles placées sous leur autorité. Ça, ce n'est pas possible !
Par ailleurs, j'ai eu la chance d'avoir des fonctionnaires territoriaux sous ma responsabilité, et j'ai pu constater combien la fonction publique comptait d'hommes et de femmes généreux, qui donnent du temps, qui veulent se former, progresser, embrasser des carrières et bénéficier de mobilité. Le cloisonnement des fonctions publiques me fait penser à une piste d'athlétisme : quand vous franchissez un couloir, vous êtes disqualifié. Qu'il est difficile de passer de la fonction publique hospitalière à la fonction publique d'État ou d'aller faire un tour dans la fonction publique territoriale ! Nos collègues les plus anciens se souviennent probablement qu'il y a quelques années, nous avons transféré 30 000 kilomètres de routes nationales aux départements, et que cela avait nécessité une partition des services des directions départementales de l'équipement, les DDE : se posait alors un problème de statut pour les fonctionnaires d'État qui allaient naturellement passer sous l'autorité des conseils départementaux. Pendant deux ou trois ans, c'était la psychose !
Il faut simplifier. Un directeur d'hôpital doit pouvoir devenir directeur général des services d'une grande ville avant de passer dans l'administration centrale ou déconcentrée de l'État. Nous devons créer des passerelles vivantes. Permettons aux agents de sortir de leur couloir ! Faisons en sorte qu'ils puissent s'épanouir dans une autre mission, qui les valorisera ! Je pense qu'André Chassaigne serait d'accord pour permettre aux fonctionnaires de découvrir de nouveaux métiers, de progresser, de se former, mais aussi être mieux rémunérés.