Il faut le reconnaître et tâcher d'être pragmatiques.
Nous considérons cependant que votre texte n'apporte pas assez de garanties aux contractuels embauchés sur la base du contrat de projet que vous proposez, même s'il offre de la souplesse à l'employeur public. Aussi déposerons-nous des amendements visant à renforcer ces garanties.
Nous sommes favorables à la rationalisation du dialogue social pour plus de réactivité et d'efficacité, et au principe de la création d'une instance unique, mais nous attendons des contreparties concrètes à cette fusion. Alors que les corps intermédiaires ont été un peu malmenés, je sais que vous avez voulu renouer les fils du dialogue. Je vous en donne acte ce soir, car il n'y a qu'avec les syndicats de fonctionnaires, quelles que soient les fonctions publiques, que l'on parviendra à redonner des perspectives aux agents publics. Il ne s'agit pas uniquement de défendre la protection d'un statut, mais de montrer quel cap vous voulez leur donner.
Nous considérons également qu'il est important de prendre en compte la conversion numérique. Nous avons déposé un amendement relatif à la formation de tous les fonctionnaires au numérique. Permettez-moi de vous donner l'exemple de ce que je vis actuellement. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, a souhaité que tous les enfants soient scolarisés dès l'âge de trois ans. C'est quasiment déjà le cas partout, mais la mesure permettra de scolariser 20 ou 30 000 enfants supplémentaires. Toutefois, nous avons en France une double difficulté, l'une concerne la maîtrise des langues, l'autre celle du numérique.
Nos enfants commencent trop tard l'apprentissage des langues. Le niveau de formation des Français est beaucoup plus faible que celui de nos voisins. Mais comment voulez-vous apprendre une langue vivante aux enfants de trois ou quatre ans s'il n'y a personne pour la leur enseigner ? Cette formation n'est pas dispensée aux enseignants eux-mêmes au cours de leur cursus.
C'est la même chose pour le numérique. Il faut former notre fonction publique aux outils numériques qui permettent de révolutionner les modes de travail. Dans ma commune, nous avons la chance d'avoir une maison de services au public dans laquelle intervient un agent de l'État, une fois tous les quinze jours. Pour les vingt-cinq ou trente personnes qui utilisent alors ce service, c'est une véritable révolution.
Nous devons faire de même dans de nombreux domaines comme celui des plaintes auprès de la gendarmerie, qui devraient être enregistrées en ligne. La question ne sera plus de savoir si la gendarmerie est fermée. Il faut évoluer, et cela ne passera que par le numérique. Si la révolution numérique entre dans notre vie de tous les jours, nous ne la subirons pas, nous l'accompagnerons et nous lui trouverons un certain nombre de bienfaits.
Le groupe Libertés et territoires se positionnera en fonction du qui sera réservé à ses amendements sur le contrat de projet, sur la formation des fonctionnaires, sur les rémunérations ou sur la déontologie. Nous sommes attachés aux fonctions publiques, et nous pensons qu'il faut cesser d'opposer stérilement le public et le privé. On ne l'a que trop fait pour la santé, et l'on voit aujourd'hui où cela nous a conduits en matière de désertification médicale et d'accès aux soins, car cette situation est bien, en partie, la conséquence de cet antagonisme entre public et privé, entre l'hôpital et le cabinet privé. Ne recommençons pas ces erreurs !
Il nous appartient de créer une fonction publique du XXIe siècle, moderne, attractive, utile, indépendante et neutre, car nous en avons besoin.