Mme Pompili a rappelé les recommandations de l'ASN, qui par définition s'imposent à nous. Nous appliquerons donc ses décisions portant sur la prolongation des centrales, comme nous l'avons fait lorsque récemment elle nous a demandé de pratiquer des travaux correctifs sur un site important dans la vallée du Rhône. C'est d'ailleurs bien pour cela qu'il y a une autorité indépendante : pour que ses décisions soient respectées.
J'ajoute que, lorsque nous travaillons à nos obligations de fourniture d'énergie, nous prévoyons des marges. Le contraire reviendrait à manquer de considération envers nos clients, puisque nous devons en permanence assurer que nous sommes capables d'apporter l'électricité au niveau de ce qu'ils consomment. C'est pourquoi nous devons à chaque instant prévoir un éventuel manque de production, car des interruptions fortuites de telle ou telle unité sont toujours susceptibles de survenir. Au cours des derniers mois du mandat de M. Chevet, l'ASN avait d'ailleurs rappelé dans des déclarations publiques que l'ensemble de ceux qui planifient, EDF et Réseau de transport d'électricité (RTE) pour leurs comptes respectifs, doivent prévoir des marges, car, à tel ou tel moment, des évènements sont susceptibles de se produire, qui amènent à ne pas disposer tous les moyens attendus.
Notre objectif est donc de prévoir ces marges et d'anticiper afin d'éviter dans tous les cas d'augmenter le recours aux énergies fossiles dans notre pays. Il y a un an, j'ai d'ailleurs pris des engagements très clairs au sur la baisse des productions de dioxyde de carbone par l'ensemble du groupe EDF entre 2015 et 2030. Cela de façon à compléter notre stratégie pour 2030 en nous engageant à ne pas dépasser 30 millions de tonnes de CO2 émises ; ce qui n'était pas prévu au départ. Nous sommes d'ailleurs un peu en avance sur la trajectoire qui nous permettra d'atteindre ce seuil ; je peux donc vous assurer que nous éviterons la reconstruction de moyens fossiles.
Vous avez été nombreux à m'interroger sur la question de l'hydroélectricité, qui constitue pour nous un objectif important. Au-delà du fait que pendant encore longtemps l'hydroélectricité constituera la première source d'énergie renouvelable en France, son rôle dans les territoires est méconnu. De plus, la partie de cette ressource qui n'est pas produite au fil de l'eau des rivières, celle qui est stockée dans des barrages et en constitue l'essentiel, est pilotable, elle se commande en fonction des besoins. L'eau peut d'ailleurs être pompée à nouveau du bas vers le haut lorsque la conception des installations offre cette possibilité.
L'hydroélectricité fait donc bien partie de notre patrimoine commun. Et j'avoue ne pas comprendre l'acharnement que met la Commission européenne à vouloir à tout prix ouvrir à la concurrence un secteur qui fonctionne bien, et qui, dans aucun autre pays, n'y est ouvert de la façon dont elle le souhaite. Aucun autre pays n'a engagé ce que Bruxelles demande à la France avec insistance. Il y a donc sûrement une incompréhension sur le principe même de mettre en concurrence ce patrimoine commun, qui de l'avis général fonctionne bien.
Je mets d'ailleurs cette occasion à profit pour rendre hommage à tous les parlementaires, dont certains sont présents, qui se dépensent sans compter pour nous aider à soutenir ce dossier. Je veux encore rendre hommage au corps social et aux représentants des salariés d'EDF qui, eux aussi, nous accompagnent dans ce débat.
À Mme Tiegna, qui m'a interrogé sur les hydroliennes, j'indique que nous en avons testé quelques-unes ; elles constituent une énergie d'appoint qui pourra être intéressante le moment venu. Le potentiel est réel, mais pas considérable, nous considérons toutefois que, dans le domaine des énergies nouvelles, il faut tout essayer.
Une nouvelle génération d'hydroliennes un peu plus robuste fera peut-être son apparition. Nous continuons de suivre ce dossier ; les installations que nous avons testées en Bretagne n'ayant pas donné toute satisfaction, nous attendons la survenance de progrès techniques.
M. Sempastous m'a questionné au sujet des partenariats dans les territoires. Certains mécanismes ont été prévus par la loi de transition énergétique de 2015, particulièrement la création de sociétés d'économie mixte. Cela n'a pas vraiment été testé ; si l'État souhaite s'engager dans cette voie, nous l'accompagnerons. Mais c'est à lui qu'il revient de mettre en oeuvre ce mécanisme qu'il a lui-même prévu par cette loi.
À Mme Batho, je répondrai que notre stratégie n'est pas le tout nucléaire ; cette conception est loin derrière nous. La stratégie pour 2030, mise en place depuis quatre ans, consiste à trouver le bon équilibre dans le mix électrique entre les énergies renouvelables –dont on sait qu'elles ne peuvent pas tout faire – et le nucléaire dont nous savons qu'il est un atout considérable pour notre pays puisqu'il nous permet, à l'exception de la Norvège et de l'Islande, d'être les champions européens en termes d'émissions de dioxyde de carbone.
Conservons donc cet atout formidable qui consiste à être très en avance sur la politique climatique, ainsi que celui de disposer d'une électricité moins chère que tous nos pays voisins ; trouvons le bon équilibre entre énergie nucléaire et énergies renouvelables. Et je ne dirai pas qu'il faut relancer le nucléaire, mais en garder ce qu'il faut afin de conserver une énergie compétitive et pilotable, car il est de notre responsabilité collective de faire en sorte qu'il y ait toujours de l'électricité.
Je pourrais me réfugier derrière RTE, qui a la charge de l'équilibre entre l'offre et la demande au plan national, mais je ne le ferai pas. EDF est parfaitement conscient qu'en sa qualité de premier producteur d'électricité en France, il lui revient de trouver le juste équilibre entre électricité d'origine nucléaire et renouvelable, et nous proposerons, le moment venu, de construire de nouvelles centrales nucléaires. Nous n'avons pas l'intention d'engager notre pays dans la voie des énergies fossiles, ni dans l'aventure du tout renouvelable, car personne ne sait aujourd'hui si cette solution est viable pour un pays de la taille de la France, alors qu'aujourd'hui notre électricité est décarbonée et compétitive. Les batteries posent aujourd'hui des problèmes environnementaux sérieux – extraction des métaux rares, contenu en dioxyde de carbone – et nous ne pouvons pas tout miser sur le stockage de l'électricité.
S'agissant de l'impact des canicules, il nous arrive en effet, pour le respect des normes environnementales concernant la température de l'eau dans les fleuves, de ralentir voire d'arrêter le fonctionnement de certaines centrales nucléaires. C'est en été, donc à une période où la demande en électricité est moindre. C'est un sujet bien connu, que nous maîtrisons, et nous avons parfaitement surmonté la grande canicule de 2003, alors que nous n'avions aucun parc solaire. Aujourd'hui, notre parc solaire pourrait atténuer l'effet d'une canicule identique.
Monsieur Potier, vous avez mentionné le stockage et les certificats d'économie d'énergie…