Monsieur le secrétaire d'État, je saisis l'occasion d'évoquer succinctement un sujet vital. Dans les années 1960, la France hexagonale a organisé le transfert massif vers la métropole de très nombreux jeunes de Martinique, de Guadeloupe et de Guyane.
Ce processus, mis en oeuvre par le bureau pour le développement des migrations d'outre-mer – BUMIDOM – , a dévitalisé ces pays. Il a créé une fuite des cerveaux – notamment des jeunes – et une dépression démographique majeure.
Il en résulte que la population, en Martinique et en Guadeloupe, décroît de façon significative, à raison de 5 000 personnes par an.
En Martinique, la population est passée de 400 000 habitants il y a dix ans à 370 000 habitants l'an dernier. Chaque année, la population a diminué d'environ 3 000 personnes par an, et pourrait continuer à baisser au rythme de 5 000 personnes par an.
Monsieur le secrétaire d'État, je saisis l'occasion de vous dire qu'il faut absolument trouver une solution, s'agissant de la fonction publique d'État, afin de mettre un terme à ce massacre démographique, en permettant aux jeunes Martiniquais et aux jeunes Guadeloupéens de rester chez eux et d'y travailler au mieux.
À l'heure actuelle, la préférence locale à l'embauche, à diplômes et à compétences égaux, n'est pas mise en oeuvre. Il s'agit à mes yeux d'une mesure utile et nullement discriminatoire, comme l'est le racisme professionnel, que je réprouve – elle peut être interprétée ainsi, mais à tort.
Elle permettrait de maintenir les jeunes sur place en leur offrant du travail. Je défendrai un amendement à cet effet, avec le soutien du groupe Socialistes et apparentés ainsi que celui de Mme Manin.
J'avancerai une seconde proposition également très importante, visant à mettre en oeuvre une GPEC – gestion prévisionnelle des emplois et des compétences – territoriale, afin d'assurer la prévision des besoins de formation et d'embauche, en permettant à ceux qui sont nés ici de travailler là-bas, avec ceux qui y sont nés, alimentant ainsi la construction d'un pays, en vue de l'organiser de telle sorte que l'on mette un terme à la dépression démographique que j'évoquais à l'instant.
Il me semble important de mettre en oeuvre une telle GPEC territoriale, appliquée à la fonction publique d'État, afin de lui redonner du sens outre-mer. Le rapport de force, lors de l'embauche, entre ceux qui sont nés là-bas et ceux qui sont nés dans l'Hexagone est de l'ordre de l'impossible et de l'inacceptable.