Je commencerai par répondre à Monsieur le rapporteur en lui disant que nous sommes une interprofession longue, comprenant l'ensemble des maillons de la filière.
En amont, nous avons la fabrication d'aliments pour le bétail, qui représente 70 % du coût de revient du cochon, puis les producteurs, représentés par le syndicalisme agricole – la Fédération nationale porcine (FNP), qui est une branche de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), ainsi que la Coordination rurale (CR) et la Coopération agricole, représentée par Coop de France ; je précise que nous avons également ouvert l'interprofession à la Confédération paysanne, qui ne souhaite cependant pas siéger.
En aval, nous avons les fédérations d'abattage-découpe, représentées par Culture Viande et la FEDEV, puis, pour ce qui est de la transformation, la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (FICT) et, enfin, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD).
Nous avons actuellement sur la table une demande émanant de la Fédération du commerce associé (FCA) qui, après avoir été longtemps en sommeil, a récemment été réactivée par Leclerc et Intermarché. Nos statuts prévoyant que les réformes statutaires soient décidées à l'unanimité des collèges – je dis bien des collèges, et non des présents –, tout dépend de la Fédération du commerce et de la distribution, celle-ci étant majoritaire au sein de son collège : si elle accepte d'ouvrir l'interprofession à ses concurrents, cela se fera ; à défaut, ils n'auront pas de sièges. Je ne sais pas quel sort sera réservé au souhait de la FCA de siéger au sein de l'interprofession mais, à titre personnel, j'estime que l'élargissement de l'ouverture est salutaire : plus les membres de l'interprofession sont nombreux, mieux elle se porte !
Je précise cependant que l'interprofession a pour rôle de mettre en oeuvre les dispositions relevant de ses compétences, c'est-à-dire la promotion des produits, tant sur le marché intérieur que sur le marché extérieur ; la recherche et développement, qui constitue évidemment la clé de voûte de notre action commune afin de rester en phase avec la demande des consommateurs – a fortiori depuis les États généraux de l'alimentation et la recherche de segmentation qui en a résulté ; la sécurité sanitaire et alimentaire, qui revêt une extrême importance ; enfin, l'information économique. Je précise qu'en aucun cas nous ne parlons business dans l'enceinte du conseil d'administration de l'INAPORC : certes, les réunions sont l'occasion pour les différents acteurs de la filière de se rencontrer, et il arrive que des discussions s'engagent dans les couloirs, mais l'interprofession n'est pas là pour fixer les prix. D'ailleurs, les uns et les autres ayant des intérêts contradictoires, il serait peu probable que nous trouvions un accord – nous exploserions en vol, tout simplement !
Pour ce qui est de la question de M. Pellois, portant essentiellement sur les relations commerciales et l'incidence qu'a eue sur celles-ci la loi ÉGAlim, qui a introduit une notion plus forte de contractualisation, notre interprofession a mis en oeuvre la création de plusieurs indicateurs ayant pour objet de porter à la connaissance de tous la notion de prix de revient des différents maillons de la filière – Didier Delzescaux vous en parlera plus longuement dans quelques instants –, ce qui permet une relation commerciale tenant un peu plus compte des réalités économiques des uns et des autres.
Cependant, je rappelle un point qui me semble important : la production porcine est une production ouverte au commerce international depuis très longtemps.
La première préoccupation de tous les maillons de la filière, c'est la compétitivité, qui constitue la clé de la survie dans un monde compliqué et disputé sur le plan économique. Nous avons à gérer les problèmes de compétitivité au niveau communautaire et, sur ce point, je me contenterai de souligner qu'à l'heure actuelle, les distorsions fiscales et sociales sont extrêmement importantes à l'échelle européenne. Un certain nombre de dispositions ont été prises et devront être mises en application dans les années qui viennent, notamment en ce qui concerne le dumping social, avec la directive sur les travailleurs détachés, ayant vocation à les faire disparaître et à aboutir à une harmonisation du coût de travail au niveau européen. Nous sommes encore très loin de cette perspective et, pour le moment, la filière française est obligée de se battre avec des dispositions fiscales et sociales nationales, tandis qu'en face de nous, dans un marché très ouvert sur le plan communautaire, certains pays concurrents disposent d'énormes avantages compétitifs.
L'autre problématique majeure est celle du commerce international. Si, à l'heure actuelle, seulement 8 % des produits transitent dans le monde entier – en d'autres termes, 8 % du marché mondial est un marché international –, le transfert de marchandises au niveau de l'Union européenne est beaucoup plus important, puisqu'il s'agit d'un marché unique : on estime que 30 % des marchandises transitent sur ce marché. Les 8 % de produits qui transitent dans le monde entier représentent cependant un enjeu considérable pour nous, car « si tout est bon dans le cochon », tout le monde sur la planète n'aime pas la même chose dans cet animal ! Si demain midi, on sert des pieds et des oreilles de cochon dans les cantines de maternelle, on n'aura sans doute pas beaucoup de succès… En revanche, les petits Chinois adorent ça ! Ces préférences sont évidemment liées à des habitudes culturelles, mais j'insiste également sur l'extrême importance de la dimension diplomatique. Pour accéder à un marché, il faut obtenir l'ouverture du marché, et pour cela, il faut passer par des négociations sanitaires, dont l'issue dépend étroitement des relations diplomatiques entretenues avec les pays ciblés. L'interprofession travaille beaucoup sur cet aspect-là.
Pour ce qui est de la notion d'indicateur évoquée par Hervé Pellois, je vais laisser Didier Delzescaux vous dire ce qu'il en est.