Madame Motin, l'ADN du distributeur français, c'est : « Moins cher ». Aussi longtemps que vaudra ce principe, on ne pourra malheureusement pas expliquer au consommateur la question de la répercussion des prix. Cependant, les distributeurs commencent à comprendre que d'autres sont capables de faire encore moins cher que moins cher, en se passant notamment de charges de structure. En Chine, où le transport ne coûte rien, le e-commerce explose. Le même problème se posera bientôt chez nous. Il faut donc probablement changer de paradigme pour parler différemment au consommateur et lui dire que, s'il veut de la sécurité alimentaire, des produits de qualité et un service de proximité, cela a un coût. La part du budget des ménages consacrée à l'alimentation ne pourra pas se réduire sans cesse. Mais ce changement de logiciel ne dépend pas que de nous. Les États généraux de l'alimentation nous ont demandé d'augmenter la segmentation et de passer de 0,5 % à 5 % de bio d'ici à une dizaine d'années. Mais, pour cela, nous devrons être compris, d'une part, par les circuits de transformation et de distribution, d'autre part, par le consommateur. Il ne faudra pas qu'il parle du bio et de la nourriture de qualité sur le parking du supermarché, avant d'acheter le contraire dans le magasin, parce qu'il y aura été incité à acheter moins cher.
Le retour sur l'augmentation du tarif a été positif. C'est la première fois que nous avons été écoutés de la sorte, sans doute aussi parce que nous avons été pédagogues, dans notre filière, pour bien expliquer ce qui se passait avec la fièvre porcine africaine. Les salaisonniers nous ont fait part d'un taux d'écoute tout à fait convenable, même si leurs problèmes sont loin d'être réglés. Cela semble mieux engagé que lors des crises précédentes, notamment celle du beurre, qui avait vu le produit disparaître des rayons ; mais nous attendons tout de même de voir les résultats. Une diminution du jambon dans les rayons permettrait peut-être d'aller plus vite dans les négociations…
Nous sommes très attachés à l'étiquetage. La seule façon de mettre en harmonie avec sa conscience un consommateur qui veut promouvoir le travail en France, c'est d'indiquer si le produit est français ou pas. La démarche est relativement bien engagée.