Les mêmes réserves peuvent être faites sur les déclinaisons départementales de l'agence. Dans la rédaction actuelle, le préfet de département serait le délégué territorial. Nous proposons plutôt une gouvernance partagée associant les collectivités locales, sur un pied d'égalité. Ce serait un beau signal d'une nouvelle approche conciliant collectivités décentralisées et État déconcentré. Vous semblez lui préférer les vieux schémas : nous le regrettons.
Enfin, il nous paraît inconcevable que les collectivités locales ne soient même pas représentées au sein du comité national de coordination, le véritable lieu de prise de décision. Car, ne soyons pas dupes : c'est dans ces « réunions du lundi » que seront mises en oeuvre les grandes orientations, entre représentants de l'État. Mme la rapporteure nous a confirmé que ce cénacle constitue la conférence des financeurs. Mais qui seront les premiers financeurs des projets soutenus par l'agence ? Les collectivités locales elles-mêmes ! Or elles ne siégeront pas dans ce fameux comité des financeurs.
J'ai relevé un autre de vos propos, madame la rapporteure. Vous avez dit, à raison, que l'agence ne financerait rien et qu'elle n'aurait pas d'argent en tant que telle. Cela me conduit à une dernière critique : l'absence de financements nouveaux sur lesquels pourrait s'appuyer l'agence. Ce bel édifice devra tourner à financements constants, sauf si Mme la ministre, dans sa grande sagesse, nous annonce une hausse des dotations de soutien à l'investissement public local !
Madame la ministre, en première lecture, vous avez apporté des éléments rassurants et pris des engagements pour que le financement de l'ANRU soit sanctuarisé au profit de la rénovation urbaine ; je vous en remercie car vous connaissez notre inquiétude concernant la politique de la ville. Pourtant, nos inquiétudes ne sont pas toutes levées et nous nous interrogeons sur les bénéfices effectifs que nos collectivités pourront retirer de la création de l'ANCT ; nous aurons l'occasion d'y revenir au cours du débat. Plus grave, à rebours de l'ambition que traçait le Président de la République, l'ANCT apparaît pour d'aucuns comme un outil de recentralisation dans les mains du préfet.