La lisibilité du prix d'intégration existe tout de même dans certains secteurs de production ; je pense au poulet, par exemple. Du reste, je fais partie de ceux qui ont demandé que les contrats d'intégration soient inscrits dans la loi ÉGAlim. Les agriculteurs, en règle générale, y ont été très favorables, pour la bonne et simple raison que seule l'intégration leur offre une certaine lisibilité du prix, en particulier de leur trésorerie.
Par ailleurs, vous dites que les organisations de producteurs (OP) seraient moins efficaces. Mais, selon la description que vous en faites, l'organisation à laquelle vous appartenez n'est pas très éloignée de l'intégration, à la différence près que vous ne connaissez pas votre prix de reprise. Or, je constate qu'en France, à l'heure actuelle, les seuls qui s'en sortent sont, non pas les indépendants qui vendent localement, mais ceux qui participent à un système intégré, dans le cadre d'un contrat tripartite ou bipartite, coiffé par un organisateur, souvent un industriel. Pourquoi cela marche-t-il bien ? Parce que c'est humain. On ne cesse de nous répéter que les agriculteurs n'ont pas de prix garantis, mais ce n'est tout de même pas la seule profession à se trouver dans cette situation.
C'est vrai, il y a la loi de l'offre et de la demande, et les consommateurs, dit-on, ne sont pas prêts à payer les prix demandés. Mais ce n'est pas au législateur de rétablir des rapports humains.
Vous qui êtes de la région Pays-de-la-Loire, vous savez que nous avons quelques beaux exemples de productions dans lesquelles tout le monde s'est mis autour de la table afin que chacun s'y retrouve, y compris les producteurs. Ne croyez-vous pas que les chambres d'agriculture devraient faire beaucoup plus de communication, organiser davantage de réunions avec différents industriels et producteurs locaux, pour encourager ce système d'intégration et contribuer à rétablir ce lien humain ?