Monsieur le rapporteur nous demande où est le problème. Il n'est pas besoin d'avoir fait une grande école de commerce pour savoir que le revenu est égal au prix moins les charges. Dès lors, il y a deux problèmes. Premièrement, l'ensemble de nos charges – y compris les services des chambres d'agriculture – sont plus élevées que celles de nos principaux concurrents, sauf en matière de foncier, car nous avons la chance, en France, d'y avoir plus facilement accès, que ce soit par location ou par achat, que certains de nos concurrents européens.
Le second problème est lié à la composition du prix payé au producteur. Or, il ne manque que quelques centimes par litre de lait ou par kilo de viande. Comment se fait-il que l'agriculture française qui, sur les aspects purement techniques – nombre de kilos de porc produits, rendement à l'hectare… – est la championne du monde ne soit pas également au premier rang, tant s'en faut, sur le revenu ? Il faut faire en sorte de trouver – et c'est l'objet de nos travaux – ces quelques centimes manquants entre la production et le consommateur, sans pour autant forcément augmenter le prix à la consommation. Nous avons quelques pistes. Je pense, par exemple à la durée d'amortissement des investissements de la grande distribution. Alors que les agriculteurs amortissent leurs bâtiments sur quinze ou vingt ans – parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement –, la grande distribution amortit parfois les siens sur cinq ans. En jouant sur la durée d'amortissement, on peut déjà récupérer quelques centimes.