Ma question porte également sur la Chine, puisque nous venons de recevoir la visite président Xi Jinping. Le président Macron souhaite que l'Union européenne coordonne la relation qu'elle entretient avec la Chine, et sans doute confirmerez-vous cet état d'esprit. Selon vous, ces « nouvelles routes de la soie » sont-elles dangereuses pour nos civilisations ? Une toile d'araignée se tisse sur les mers – de la mer de Chine au Sri Lanka et au Pakistan, puis au Soudan et à Djibouti jusqu'à la maîtrise du canal de Suez, au Pirée et enfin à l'Italie – et sur la terre, avec la voie ferrée qui, depuis la Chine orientale, traverse le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie, la Pologne, l'Allemagne et le nord de la France pour quasiment atteindre Londres via le tunnel. Ce sont des exemples concrets. Cette toile d'araignée – et pour cause : ne s'agit-il pas de routes de la soie ? (Sourires) – ne vise-t-elle pas à dominer le monde, notamment l'Afrique ? En 2009, lors d'un déplacement dans une petite ville malienne jumelée avec la ville dont j'étais le maire, j'ai vu un très beau stade flambant neuf dont mon homologue m'a expliqué que la Chine l'avait construit gratuitement de A à Z moyennant, en guise de compensation, un investissement dans des terres à coton…
Les chefs d'État et de gouvernement européens se posent-ils les bonnes questions concernant ces nouvelles routes de la soie ? On entend souvent parler des relations entre l'Union européenne et la Russie mais, selon moi, c'est avec la Chine que nous aurons les plus grandes difficultés. Ne nous trompons pas : certes, un accord commercial extraordinaire vient d'être conclu avec Airbus mais, à l'évidence, l'objectif de la Chine est aussi d'affaiblir les États-Unis – même si, en l'occurrence, nous allons en profiter. Quel est donc l'état d'esprit des chefs d'État et de gouvernement européens ? L'Italie abonde ; la Chine lorgne aussi les ports espagnols. C'est très inquiétant pour l'avenir géopolitique du monde, notamment de l'Europe et de l'Afrique.