Intervention de Sandrine Gaudin

Réunion du mardi 26 mars 2019 à 17h30
Commission des affaires européennes

Sandrine Gaudin, Secrétaire générale aux affaires européennes :

En tout état de cause, à court terme, c'est un problème commercial. Le jour où ces trains repartiront vers la Chine chargés de marchandises européennes, le concept de « routes de la soie » deviendra alors plus intéressant et plus équilibré, dans l'esprit du principe de réciprocité et d'équité des règles commerciales que nous prônons. À ce stade, le mouvement est unilatéral. Le marché européen est ouvert, y compris les marchés publics, et les Chinois – comme les Américains, les Japonais ou les Africains – peuvent répondre à des appels d'offres et remporter des marchés, et ainsi devenir acteurs et opérateurs d'un très grand nombre d'infrastructures essentielles – aéroports, entreprises d'énergie, et ainsi de suite. En revanche, ce n'est pas du tout le cas des Européens en Chine. C'est ce point que nous contestons et qui était au coeur du débat du Conseil européen.

Comme le Président de la République l'a dit, nous partageons les dix points formulés par la Commission et le Service européen pour l'action extérieure, qui ont été approuvés par les chefs d'État. Le débat a révélé une prise de conscience au niveau européen de la nécessité de se départir de toute naïveté face à la Chine. En même temps, certains grands acteurs – l'Allemagne, par exemple – ont des intérêts économiques considérables en Chine : les constructeurs automobiles allemands, par exemple, vendent énormément de voitures et de machines-outils à la Chine, avec laquelle ils ne souhaitent donc pas se froisser, raison pour laquelle, sans doute, l'Allemagne prône un dialogue plus nuancé. Quoi qu'il en soit, le Président de la République a expliqué en conférence de presse que la discussion avait permis d'ouvrir les yeux de certains États membres de l'Union qui s'étaient peut-être laissé abuser par des mirages sous formes d'investissements, de prises de participation ou de financements d'infrastructures qu'ils ne pouvaient prendre à leur charge – non plus que l'Europe, d'ailleurs. De ce point de vue, le président a eu une formule percutante : nous avons nous-même laissé faire certains investissements chinois en Grèce ou au Portugal pendant la crise de la zone euro, sans donner à ces États la possibilité de financer eux-mêmes leurs infrastructures par des prêts et des aides de l'Union européenne ; ils se sont tournés vers la Chine, et il nous appartient désormais de rattraper cette situation.

Venons-en au Brexit. Vous estimez, monsieur Dumont, que la traduction des conclusions du Conseil européen à vingt-sept, qui évoque la « voie à suivre » est énigmatique. Elle me semble correspondre à l'expression a way forward, plus claire en anglais. Les dirigeants européens ont proposé à Theresa May de reporter la date du Brexit au 22 mai si le Parlement approuve l'accord de retrait. Dans le cas contraire, la date sera fixée au 12 avril et Mme May devra indiquer quelle voie elle compte choisir pour la suite : si c'est une sortie sans accord, les mesures de contingence seront mises en place ; si c'est la prorogation du maintien dans l'Union au-delà des élections européennes, le Royaume-Uni devra les organiser. Dans ce dernier cas, les chefs d'État se réuniront à nouveau et décideront de lui accorder éventuellement un délai supplémentaire.

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