Intervention de Gilles Lurton

Séance en hémicycle du lundi 20 mai 2019 à 21h30
Transformation de la fonction publique — Article 28

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilles Lurton :

Je partage bien entendu tout ce que vient de dire M. Juanico. J'ajouterai que, depuis le début de ce quinquennat, le modèle sportif est gravement attaqué par le Gouvernement, avec la suppression de la moitié des effectifs du ministère des sports d'ici à 2022. Je me souviens qu'au moment de la passation de pouvoirs entre Mme Flessel et Mme Maracineanu, celle-ci avait clairement dit qu'elle n'appliquerait pas cette mesure telle qu'elle était prévue par le budget à ce moment-là. Cela étant, nous constatons en 2019 l'absence de concours de recrutement et la baisse drastique du budget des sports. C'est effectivement cela qui, à l'époque, a conduit Mme Flessel à démissionner.

En agissant ainsi, vous avez réussi l'exploit de plonger le sport français dans une très grave crise alors même que nous sommes à quatre ans des Jeux olympiques en France. Nous sommes tous intervenus, sur ces bancs, pour tenter de fléchir le Gouvernement. Malgré cela, vous persistez – comme d'habitude, même quand vous savez que vous avez tort et quitte à revenir sur vos mesures quelques mois plus tard. Vous persistez et vous tentez de transférer aux fédérations sportives les 1 600 professeurs de sport exerçant les missions de conseiller technique sportif, par un système de détachement d'abord volontaire puis forcé.

95 % des fédérations sportives sont opposées à ce projet, les témoignages des sportifs sont unanimes, et tous s'opposent à ce projet de transfert des conseillers techniques sportifs. J'ajouterai même que le président du comité national olympique et sportif a, dès ce week-end, saisi le Président de la République de la situation, en demandant à le rencontrer d'urgence.

Malgré cette opposition unanime, vous tentez de passer en force, en présentant l'amendement que vous avez fait adopter en commission, à l'initiative du Gouvernement, comme un simple amendement de coordination sur le détachement d'office pour les agents mis à disposition d'une entreprise.

S'il devait aboutir, ce projet serait dévastateur pour toute l'organisation du sport en France et ferait peser des risques inconsidérés sur le rayonnement de la France à l'international, sur les résultats sportifs à venir et sur la possibilité de tous d'accéder à toutes les pratiques sportives sur l'ensemble du territoire, ce à quoi je tiens particulièrement. Je pense notamment aux clubs sportifs de nos quartiers, sur lesquels nous comptons, dans nos communes, pour favoriser la pratique du sport auprès des plus jeunes, quelle que soit leur classe sociale.

Une fois encore, monsieur le secrétaire d'État, vous ne voulez pas nous écouter. Une fois encore, vous allez tenter de passer contre vents et marées, tant vous êtes convaincus d'avoir raison. Une fois que vous vous serez rendu compte que vous vous êtes plantés, excusez le terme, vous tenterez de revenir sur votre décision, comme d'ailleurs vous venez de le faire sur l'indexation des pensions de retraites et sur la limitation de la vitesse à 80 kilomètres à l'heure. Mais le mal sera fait : vous aurez encore accru les inégalités et, à moyen terme, vous aurez organisé méthodiquement la disparation du rôle social du sport et de la santé en France. Triste bilan annoncé pour la fin de ce quinquennat…

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