Pour commencer, il faudrait revoir le statut de la profession d'assistant familial. Quand nous participons aux réunions préalables à l'agrément, nous faisons part de notre quotidien avec les enfants accueillis ; nous disons au public présent que nous n'avons pas de weekends libres ; que nous travaillons sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre ; que, le jour de Noël, nous pouvons faire cinquante kilomètres pour emmener l'enfant dans sa famille pour deux heures de visite parce que les parents ont le droit d'avoir leurs enfants ce jour-là et les enfants le droit d'être avec leurs parents. C'est particulier, cela chamboule notre vie familiale. Et quand nous parlons des jeunes atteints de troubles divers, cela fait peur aux candidats. Dans la société actuelle, ce sont les loisirs qui priment, les week-ends… Ils sont nombreux qui pensent que quand on est à la maison, on a beaucoup de liberté, mais en vérité nous vivons un peu décalées par rapport aux autres. Ainsi, dans ma génération, nos amis n'ont plus leurs enfants à la maison ; nous, nous avons toujours des jeunes, et moins de liberté. C'est un travail riche, qui apporte énormément ; nous avons de sacrés liens avec les jeunes que nous accueillons. J'ai commencé jeune, j'en connais qui ont maintenant trente et vingt-sept ans, je suis devenue « mamie de coeur » et c'est génial. Ce sont de super-histoires, mais il y en a d'autres, qui nous empêchent d'avoir une vie sociale avec nos proches, et cela, c'est un frein à la profession car la société a changé.
Le développement des réseaux sociaux met aussi les familles d'accueil en danger, soit en raison de ce que les jeunes gens peuvent consulter et publier, soit qu'ils prennent des photos et les diffusent hors contexte, ce qui peut nous nuire. Or, nous n'avons aucun moyen de surveillance parce qu'ils ont leur propre portable et leur propre ordinateur, dans lesquels nous n'avons pas le droit de fouiller, si bien que nous ne pouvons pas nous protéger. Cela fait aussi partie des risques de la profession.