J'ai accueilli une jeune pendant un an. Elle était très difficile, et quand elle est partie je me suis demandé ce qu'être chez nous lui avait donné. Elle est revenue cinq ans plus tard et je ne l'ai pas reconnue : c'était une jeune fille d'une beauté ! Elle est épanouie et depuis deux ou trois ans elle m'appelle régulièrement parce qu'elle est mère d'un adolescent avec qui elle a des difficultés et me demande des conseils. Alors je me dis : sur les quarante enfants, même s'il n'y en a qu'un pour qui ça marche, ça vaut le coup ! Son fils a voulu que je lui parle de sa mère ; je lui ai dit qu'elle avait été très difficile mais qu'elle avait construit sa vie. Elle nous envoie des textos pour toutes les fêtes – et pourtant elle n'est restée qu'un an à la maison. Elle va voir ses parents régulièrement, mais elle sait qu'elle ne peut pas compter sur eux parce qu'ils n'ont pas été capables de lui apporter ce dont elle avait besoin ; toute la fratrie avait été placée. Il est important que ces enfants-là puissent avoir une écoute. Un autre enfant accueilli, qui était très renfermé, travaille depuis plus de dix ans dans un restaurant, a une petite fille et est épanoui.
Ils ne reviennent pas tout de suite, mais quand ils reviennent alors que l'on continue à travailler, ça nous booste, parce qu'on se dit : j'ai galéré avec lui, et voilà, il a réussi, et il se rappelle et il vient demander des conseils. C'est très valorisant.