Enfin, je devrais me réjouir de voir l'Europe de la défense « faire un pas de géant », comme vous ne manquerez pas de le célébrer dans quelques minutes.
Qu'il est donc brillant, cet accord avec nos amis belges ! Je compte sur vous pour le montrer. Pour ma part, je suis obligé de vous dire une autre vérité : cet accord n'est qu'un détail, à peine flatteur, dans l'ensemble bien peu reluisant de votre politique étrangère et de défense ; c'est une petite pièce dorée – et encore ! – dans un puzzle bien sombre. En effet, au-delà de ce que dit cet accord avec la Belgique, il faut surtout s'intéresser à ce qu'il ne dit pas.
La France va donc vendre pour 1,5 milliard d'euros de véhicules blindés à son ami belge. La Belgique choisit l'industrie tricolore, ce qui est, d'après vous, la confirmation des bienfaits de l'Europe. Toutefois, vous oubliez de dire que la France ne remporte, avec cet accord, qu'un lot de consolation. La Belgique évite poliment au Gouvernement une humiliation diplomatique cinglante : elle achète ces véhicules après avoir choisi d'acheter des avions F35 étasuniens pour un montant de 4 milliards de dollars environ.