Il est toujours éclairant de regarder ce qui se fait chez les autres… D'ici 2030, la Royal Air Force devrait disposer d'environ 230 avions de combat, la Luftwaffe 260, l'US Air Force 2 500, quant à la Chine et la Russie, de 750 et 1 000 avions de combat dont les deux tiers seront de quatrième génération au moins. C'est pourquoi, il faut accorder une attention particulière au format des flottes, mais aussi à celui des équipements de missions et des armements, ainsi qu'à l'activité aérienne des équipages. Sur ce dernier point, l'armée de l'air travaille de concert avec la direction de la maintenance aéronautique (DMAé) et l'industrie pour améliorer la disponibilité des aéronefs. Et pas uniquement des aéronefs : les radars et les équipements sol pour aéronefs et plateformes aériennes sont également concernés. L'armée de l'air met notamment en oeuvre un nouveau projet de maintenance opérationnelle, dénommé NSO 4.0, afin de garantir notre capacité à réaliser nos missions, en tous lieux, en toutes circonstances et à des coûts maîtrisés.
Cette démarche prolonge les efforts réguliers de transformation de l'armée de l'air dans ce domaine qui est vital pour elle. L'organisation est revue, la fonction ordonnancement est renforcée, le « lean management » permet d'optimiser encore davantage l'emploi des ressources, avec une meilleure mesure de la performance. L'innovation est aussi au coeur de ce nouvel état d'esprit avec la mise en place de nouveaux processus : maintenance prédictive, imprimantes 3D, etc. Nous nous adaptons donc – mécaniciens de l'armée de l'air en tête - pour tirer profit des marges de manoeuvres que l'on espère dégager des verticalisations de contrat. Car au bout du compte, ce sont nos mécaniciens qui ont la responsabilité de mettre en oeuvre et dépanner les avions pour en faire un emploi opérationnel : sous abri nucléaire, depuis l'algéco en bout de piste, après un déroutement en plein désert malien ou sous les roquettes à l'époque à Kandahar…
Car le sujet n'est pas tant pour moi la disponibilité des aéronefs que l'activité qui est réalisée au service de la mission opérationnelle. Aujourd'hui, nous ne sommes pas aux standards d'activité que nous souhaitons avoir. Nous devrions les rejoindre en deuxième partie de LPM.
J'évoquais les coopérations internationales. C'est un moyen d'être forts, ensemble. En matière de défense aérienne, je vous ai parlé des accords bilatéraux avec nos voisins, et en multilatéral avec l'OTAN, pour gagner en force et en profondeur stratégique. L'initiative européenne d'intervention (IEI) permet à l'armée de l'air d'animer un groupe de travail sur la projection de puissance. Nous visons à pouvoir conduire un raid de type Hamilton entre Européens. Être forts ensemble - quand cela est pertinent, quand cela est possible, c'est aussi être capables de mutualiser ses capacités de transport et de ravitaillement en vol. C'est le commandement européen du transport aérien (EATC) ou le futur escadron C130J franco-allemand. C'est partager l'effort de guerre, comme c'est le cas à Barkhane, pour l'EUTM ou la MINUSMA. C'est enfin bâtir des capacités dont nous avons un besoin commun, comme le SCAF, l'A400M, les missiles ASTER ou bientôt le drone MALE européen. Bien sûr, cela nécessite d'être interopérables. Nous y travaillons depuis longtemps déjà mais cela doit rester un objectif permanent, car il ne faudrait pas que l'arrivée de nouveaux systèmes fermés en Europe limite notre capacité à travailler ensemble.
Mon homologue israélien m'a fait remarquer que notre armée de l'air est une armée de l'air mondiale. Je pense que c'est le cas. Et qu'elle est crédible à l'international. Crédible sur le plan opérationnel. Crédible grâce aux investissements consentis pour la modernisation de notre armée. Le Rafale en est le parfait exemple, sur tous les plans. Crédible en raison du positionnement particulier de la France sur le plan politique. C'est pourquoi je pense qu'il faut être capable de fédérer et, dans certains cas, d'intégrer les capacités de nos partenaires. Nous disposons enfin d'un atout : les autres armées de l'air sont intéressées par notre retour opérationnel. Et certaines, qui se reconstruisent comme en Irak ou en Afrique où nous sommes fortement engagés depuis des années, peuvent se montrer intéressées par une coopération, notamment en matière de souveraineté.
J'évoquais la modernisation en cours. Là encore un formidable chantier s'ouvre à nous. Un chantier complexe, exigeant. Un chantier qui nous oblige. Cette modernisation, corollaire de la remontée en puissance prévue par la LPM, a un effet positif sur le moral des aviateurs. Elle permet d'insuffler un vent d'optimisme et de confiance. Cette année par exemple, nous attendons la commande de deux aéronefs de recueil de renseignement électromagnétique CUGE, pour remplacer nos C160 Gabriel à bout de souffle, quatre systèmes de drones de surveillance européen, un Caracal en remplacement de celui détruit en opération, j'imagine la grande satisfaction de M. Ferrara (Sourires.), ainsi que la rénovation des trois radars de trajectographie SATAM utilisés pour la restitution de nos tirs et le suivi des satellites dans les basses couches.