Je répondrai tout d'abord à M. Jean-Philippe Ardouin sur la flotte d'hélicoptères. Nous avons un parc de 76 hélicoptères, dont 40 Fennec, des Puma, des Caracal, deux EC225 et des Super Puma. Nous avons effectivement des faiblesses, notamment en termes de disponibilité des Puma. Ce sont des appareils anciens, qui vont atteindre quarante ans d'âge. Or, il y a ce qu'on appelle un « effet cuvette » en termes de maintenance aéronautique : plus un équipement s'approche de la fin de vie, plus le coût de sa maintenance augmente – de manière exponentielle. Il est prévu de remplacer les Puma à l'horizon 2028. L'armée de l'air est en train de proposer une façon innovante de les remplacer plus rapidement à coûts maîtrisés, en réduisant le coût de cette maintenance aéronautique et en réallouant les crédits ainsi économisés sur une flotte plus moderne et donc plus disponible. Le Fennec est un appareil qui fonctionne bien et qui ne présente pas de difficultés majeures. On attend le programme d'hélicoptères interarmées légers, sachant qu'il nous faudra veiller aux capacités spécifiques que nous aurons à exiger de ces appareils.
En ce qui concerne la coopération, les discussions sont en cours avec l'Allemagne et le Royaume-Uni, concernant soit le Chinook, soit le CH-53. Il n'y a rien dans la LPM à ce sujet. Cette coopération pourrait prendre la forme d'une capacité à former quelques pilotes mais nous n'en sommes qu'au début de la discussion avec nos partenaires allemands et britanniques.
S'agissant des capacités tactiques de l'A400M, le largage par ouverture automatique de trente parachutistes sera prêt en 2019, de jour et par une porte, et en 2020, pour 116 parachutistes, par deux portes latérales.
Madame Dubois, les prochaines livraisons d'A400M s'étaleront de la façon suivante : le quinzième a été livré en 2019, il y en aura vingt-cinq en 2025 et trente-cinq en 2028, avec une cible de cinquante. En 2028, nous aurons ces trente-cinq A400M ainsi que dix-huit appareils de type C-130. D'autre part, je prends en compte votre demande de déplacement en A400M qui est un avion très fiable. Comme je l'ai indiqué dans mon discours à Orléans, l'appareil avait fait l'Afrique puis s'était rendu à La Réunion avant de repartir sur Chammal. Puis, le jour d'après, il était en entraînement sur la base d'Orléans. C'est en outre un avion qui a des capacités logistiques incroyables puisque quand il arrive en Afrique – ou ailleurs –, il vide les escales aériennes.
Sur le système de combat aérien du futur, Madame Poueyto, il est évident que le moteur est important pour le nouvel avion de combat mais le système de combat aérien du futur n'est pas qu'un avion de combat : c'est un ensemble d'équipements dont il va falloir définir l'architecture pour pouvoir gagner la « guerre des opportunités ». Le déni d'accès étant de plus en plus important, et les défenses de plus en plus complexes, il est important de pouvoir saisir la moindre opportunité, de lutter contre la furtivité de certains équipements et de lutter contre l'allonge de certains missiles ennemis. Comment y parvenir ? Notamment en mettant en oeuvre des équipements de type drones qui pourront voler dans les lignes ennemies et récupérer de l'information. S'agissant par exemple de la furtivité, un avion est furtif quand on est en face à face mais quand on arrive à passer à l'arrière de celui-ci, on est capable de récupérer sa chaleur et donc sa signature infrarouge. Maintenant, si je veux me soustraire à l'allonge de missiles ennemis et que je veux, moi, tirer un missile ou un armement, il faut que je sois capable de le faire et ce drone peut être le relais de mon arme. Certes, une étude va être faite sur le moteur. Des démonstrateurs sont en pourparlers et nous espérons que le premier démonstrateur pourra voler à l'horizon 2026 pour pouvoir valider les différents concepts, dont le moteur, et pour pouvoir développer ensuite un système qui arrivera à l'horizon 2040.
Concernant l'élaboration d'une nouvelle stratégie de défense spatiale, Monsieur Becht, nos études sont terminées et nos recommandations sont formulées. Nous n'attendons plus que la décision du président de la République, qui doit annoncer quel niveau d'ambition orientera cette stratégie.
L'enjeu, pour maîtriser le domaine spatial, consiste à pouvoir détecter les menaces, les identifier, protéger nos propres moyens spatiaux et, peut-être, agir. En la matière, c'est le niveau d'ambition fixé par le président de la République qui déterminera notre niveau d'équipement ainsi que l'organisation de nos moyens, c'est-à-dire leur gouvernance.
À ce propos, la Space Force dont la création a été annoncée par le président Donald Trump pourrait, dit-on, être placée sous l'autorité de la secrétaire à la Force aérienne des États-Unis, qui exerce aujourd'hui la tutelle de l'US Air Force. Ainsi, la Space Force américaine serait en quelque sorte une soeur jumelle de l'Air Force.
Pour ce qui nous concerne, je ne peux pas vous dire si l'armée de l'air s'appellera demain « armée de l'air et de l'espace » car nous attendons les décisions du président de la République, mais soyez assurés que le ministère des Armées continue à travailler aux questions de défense spatiale.