Ce ne sont ni les compétences, ni l'envie qui nous manquent ! Et en effet, ce ne serait pas une mauvaise idée.
Monsieur Pueyo, la lutte anti-drones fait bien partie de nos préoccupations. Les exemples récents de Gatwick et de Frankfort doivent nous le rappeler. C'est d'ailleurs une préoccupation partagée par les armées de l'air du monde entier. Pour lutter contre les drones, la France n'a pas développé de lasers, mais les armées ont développé des équipements permettant de détecter puis de traiter cette menace. Pour la détection, il s'agit notamment de jumelles ou de radars. Pour le traitement, celui-ci peut reposer sur l'emploi de brouilleurs portatifs à flux dirigé, sur le tir direct avec des armes, et un système de moyens mobiles de lutte anti-drones appelé MILAD est en cours d'expérimentation par l'armée de l'air à Mont-de-Marsan ainsi qu'à la section technique de l'armée de terre. Nous travaillons aussi beaucoup avec Aéroports de Paris, acteur stratégique qui a un intérêt tout particulier dans la lutte contre les menaces véhiculées par les drones, et nous étudions des drones intercepteurs de drones. Quelle que soit la solution technique, l'enjeu des innovations à l'oeuvre tient aussi à la fusion des données de nos différents capteurs et à leur transmission en temps utile à un opérateur doté des moyens d'interception adéquats.
Bien entendu, sur ces sujets, nous discutons à l'échelon européen et dans un cadre international plus large avec les autres armées de l'air, puisque ce sont elles qui sont le plus souvent responsables de la lutte anti-drones.
Concernant notre stratégie d'innovation, je veux souligner l'intérêt du Fonds européen de défense et de la coopération structurée permanente, structures qui favorisent le développement de nombreux projets d'innovation. L'Europe se dote ainsi d'outils permettant de fédérer les démarches d'innovation de nombre d'Européens. D'ailleurs, l'initiative européenne d'intervention contribue elle-aussi à l'innovation, en permettant de réfléchir entre partenaires à des concepts et à des scénarios d'opérations, dont nous déduisons une analyse de nos besoins.