Intervention de Benki Piyãko

Réunion du lundi 6 mai 2019 à 11h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Benki Piyãko :

(Chant.) Je voudrais d'abord vous remercier de m'entendre. Je m'appelle Benki Piyãko, j'habite en forêt amazonienne, à la frontière entre le Pérou et le Brésil. En ce moment, je suis très préoccupé, en tant que dirigeant, à l'égard de tout ce qui se passe dans le monde.

Depuis trente ans, nous connaissons de grands changements dans l'environnement. Conséquences des changements climatiques, des rivières sont à sec, des arbres fruitiers donnent du fruit hors saison, des poissons meurent, des espèces d'animaux disparaissent. La chaleur augmente sur terre. Dans le passé, il faisait chaud l'hiver mais sans pluie ; aujourd'hui, la pluie tombe extrêmement fort. L'été, le soleil est tellement chaud que beaucoup d'espèces sont mortes quand la pluie revient. Nous sommes dans une période de changements sans retour à l'équilibre.

Aujourd'hui, beaucoup de lois parlent d'environnement, nous disposons de nombreux travaux scientifiques et, dans le monde entier, il est de la responsabilité de chacun, en particulier les hommes et femmes politiques, d'analyser la crise actuelle. Nous, en Amazonie, sommes les gardiens de la plus grande diversité du monde. Nous en prenons soin comme d'un patrimoine vital. Cette biodiversité nous fait survivre. Dans la forêt, un écosystème maintient un équilibre pour l'ensemble des climats ; c'est une chose que nous ne saurions pas faire, tandis que naturellement, la nature le sait.

Or, nous sommes attaqués frontalement : des composantes des écosystèmes ont déjà été détruites. Nous sommes confrontés à de grandes entreprises pétrolières et de déboisement, à la construction de barrages hydroélectriques, à de grandes entreprises minières exploitant l'or, le fer, et provoquant de graves contaminations par des produits chimiques rejetés dans la terre. Nous voyons aussi de nombreuses semences qui sont génétiquement modifiées. Nous assistons à une sorte de privatisation des plantes par des multinationales. Nos agriculteurs sont obligés par la loi de renoncer à l'usage de plantes natives. Or, les plantes naturelles, tout comme les fruits et les animaux, sont nécessaires à notre équilibre.

Nous parlons d'un changement global. Nous-mêmes avons une responsabilité. Avec mon peuple, nous avons déjà planté deux millions d'arbres. Nous habitons au milieu d'une forêt ; pourquoi plantons-nous ? Parce que nous voulons donner l'exemple. Or nous voyons qu'il y a même des lois qui nous empêchent de planter. Pourtant, un million de plants avaient disparu. Il y a aussi un million d'espèces vivantes qui ont disparu. Nous voyons des contaminations par le gaz, par les déchets répandus n'importe où sur le sol. À qui revient la responsabilité ? Au Gouvernement ? À la société ? Nous pensons qu'il nous faut assumer certaines choses.

Nous voyons chaque jour nos responsables qui sont menacés et attaqués. Nous voyons aussi la manière dont notre Gouvernement actuel nous traite. Dans notre pays, des accords internationaux donnent aux industries qui affectent notre santé le droit d'utiliser les mers et les voies de communication.

Je crois que nous pouvons changer tout cela. Il nous faut travailler sur la conscience, éveiller les êtres humains par l'éducation. Nous savons aujourd'hui que le changement dans le monde est de notre responsabilité.

Nous devons beaucoup prendre soin de ce monde. Il nous faut échanger, étendre nos connaissances, pour pouvoir le changer. Sinon, nous aurons une terre incendiée, ou inondée, et nous pourrons voir une guerre pour un verre d'eau.

Cette responsabilité nous revient. Merci.

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