En complément, je voudrais dire que nos sociétés se construisent beaucoup sur des récits. Aujourd'hui, ces récits sont fondés sur des idées de croissance économique, de matérialisme, de profit, et on est en train d'en mourir. Ce sont ces récits que l'on a besoin de remettre en question. C'est extraordinairement difficile, car une bonne partie de la planète fonctionne ainsi.
Vous me demandiez pourquoi la France doit faire un effort. Je veux rappeler que le récit du développement qui s'est imposé un peu partout, récit matérialiste, extractiviste, de pouvoir sur l'ensemble de l'écosystème vivant, a été propagé par l'occident, notamment par la France, au travers de la colonisation et de la révolution industrielle. Peut-être la France n'est-elle à l'origine que de 0,8 % des émissions de CO2. Mais chaque année, un Français émet 11 tonnes de carbone, alors qu'il devrait n'en émettre qu'une pour rester en deçà d'un réchauffement de 2 degrés. Si l'on continue à proposer ce récit, sans changer notre mode de vie, en considérant que notre mode de vie n'est pas négociable : deux voitures, quatre iPad, un iPhone tous les six mois, et tant pis pour les autres et pour la biodiversité, alors on continuera à aller dans le mur.
En revanche, si des pays comme la France – bien sûr, il n'y a pas que nous, mais partons de là où nous sommes – montrent que l'on est capable de s'inspirer du fonctionnement de la nature, de vivre plus simplement, de réorienter nos priorités, de changer nos cadres, nos indicateurs, alors nous pourrons changer le récit. Ce dont on a besoin, c'est de changer le sens de nos sociétés. Il en sera de même pour l'adhésion des populations. Ce récit doit devenir collectif.
Et vous, en tant que parlementaires, vous portez une part de responsabilité dans la construction de ces nouveaux récits.