Je suis depuis peu le président de cette ferme, créée il y a deux ans dans un quartier de la politique de la ville, à l'initiative de la ville de Metz. La grande ambition était de consacrer trois hectares à une ferme maraîchère, en épousant toutes les dimensions d'une ferme urbaine à proximité immédiate d'un quartier connaissant des difficultés et impliquant une pression sociale forte. Le pari est à la fois économique : avoir une ferme qui vive de sa production ; social, pour faire en sorte que cet espace soit ouvert à la dimension éducative ; et commercial, en proposant si possible notre production à destination de la population du quartier, dont les conceptions sont très loin de la consommation de produits bio. Comme nous n'avons aucun intermédiaire, nous pouvons pratiquer des tarifs bien plus bas que dans le commerce traditionnel.
Depuis deux ans, la ferme se bat pour tenter d'inventer un nouveau modèle économique. C'est un combat de tous les jours. Nous tentons de trouver de nouveaux partenaires pour renforcer notre activité. Cette ferme urbaine est au coeur des enjeux dont vous débattez depuis ce matin, de transformation de notre alimentation et de nos modes de vie. Je voudrais mettre l'accent sur la forme juridique retenue : celle d'une coopérative d'intérêt collectif. La volonté délibérée de recourir à cette forme particulière de société anonyme, à capital variable, répond au souhait de tourner le dos à l'économie traditionnelle du monde associatif, véhiculant l'image d'une économie consommatrice de ressources publiques. Il s'agit de parvenir à démontrer que la ferme peut vivre de sa production, ce qui n'est absolument pas assuré au départ. Une dimension importante est celle du pilotage de la structure, et du mariage entre les intérêts privés de nos actionnaires et les intérêts publics, principalement ceux de la ville de Metz. Il nous reste encore à asseoir et affermir ce modèle, qui reste fragile.