Personne ne joue impunément avec la démocratie. Cette proposition de résolution, même si elle est issue d'un travail mené ici, à l'Assemblée nationale, a été suggérée par le Président Emmanuel Macron, nous le savons tous autant que nous sommes.
Avec l'obsession des mots-valise qui caractérise le pouvoir exécutif depuis deux ans, voilà qu'il fallait « moderniser » le fonctionnement de notre assemblée. Celui qui croit qu'une institution vieille de plus de deux siècles doit se penser comme une entreprise agile a un sérieux problème avec l'histoire. Je vous le dis d'ailleurs clairement : la démocratie prend du temps. La démocratie, c'est long, parfois erratique, et il vaut mieux savoir que la délibération n'est pas une affaire de nanosecondes. On ne décide pas des destinées du peuple français comme on vend des actions à la City.
Le temps long inscrit notre action dans des dynamiques historiques qui ne sont pas celles de réformes menées tambour battant, dont la continuité avec ce qui précédait est une évidence. En termes de continuité historique, je dois bien reconnaître que cette proposition de résolution s'inscrit sans aucun doute dans l'esprit de la Constitution de la Ve République. Le pouvoir délirant qui est accordé dans notre pays au Président de la République est un problème réel et sérieux, l'un des facteurs qui jette le discrédit sur nos institutions, et d'autant plus en cas d'erreur de casting.
Face à cela, vous le savez, nous proposons un grand moment de refondation démocratique de notre pays à travers un processus constituant où notre communauté politique se repenserait elle-même dans la discussion, l'échange et la construction de règles et de projets communs. Un tel moment serait d'évidence l'occasion de rééquilibrer les rapports entre l'exécutif et le Parlement.
Votre texte, au contraire de ce que nous défendons et proposons, soumet encore davantage l'Assemblée nationale à l'Élysée. Vous souhaitez transformer ce lieu en chambre d'enregistrement de la volonté du Président et du Gouvernement. Votre réforme constitue une « technocratisation » inacceptable du Parlement. L'Assemblée, plutôt que de rester un lieu de débats et d'échanges, sera réduite à un rôle de technicien, « petit télégraphiste » du Gouvernement.