Intervention de Sébastien Jumel

Séance en hémicycle du mardi 28 mai 2019 à 15h00
Questions au gouvernement — Projet de fusion entre renault et fiat chrysler

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

Monsieur le ministre de l'économie et des finances, à Dieppe, Sandouville, Cléon et dans la France entière, on entend sonner les trompettes des fiançailles de Renault avec Fiat-Chrysler. Vous-même semblez pressé qu'on publie les bans de ce mariage paré de toutes les vertus.

Comme les salariés, nous sommes, nous, au contraire, très sceptiques quant à ce qui ressemble davantage à un mariage d'affaire arrangé, sous la pression de l'actionnaire historique de Fiat, qui en attend une dot représentant 40 % des 2,5 milliards d'euros de dividendes exceptionnels promis aux actionnaires.

Ce mariage, qui semble consommé avant même d'avoir été prononcé, pose pourtant plus de questions qu'il ne garantit ni le bonheur industriel ni les perspectives d'emplois dans le futur. Pourquoi, monsieur le ministre, l'État actionnaire de Renault a-t-il été placé devant le fait accompli ? Plus grave : de l'État actionnaire-spectateur, qui s'intéresse au cours de l'action plus qu'à la stratégie industrielle, nous passerons demain à un État rabougri. Détenteur de 15 % du capital de Renault aujourd'hui, il passera à 7,5 % des parts dans la nouvelle entité, perdant ses droits de vote double.

Pourquoi les représentants des salariés et leurs administrateurs ont-ils été laissés dans le vent de ces tractations ? Pourquoi ne pas reconnaître que le modèle de Fiat, ce sont les usines et les emplois à l'est de l'Europe ? Pourquoi ne pas dire que ce futur époux n'est pas au mieux de sa forme, qu'il n'a pas vraiment de stratégie et qu'il accumule les retards en matière d'innovation ?

Pourquoi taire le fait que les promesses qu'il formule sur le maintien des emplois sont à mettre en regard avec la chasse aux doublons, appelée pudiquement synergies, que Fiat-Chrysler entend verser dans la corbeille de la mariée ? Pourquoi cette chasse au volume et à la taille, au risque de l'obésité, alors que l'alliance Renault-Nissan n'est pas, elle-même, consolidée et que les Japonais ne veulent pas de ce mariage à trois ? Quel sera le projet industriel de ce couple ?

Monsieur le ministre, pouvez-vous prendre l'engagement devant le groupe communiste de recevoir rapidement les acteurs concernés, notamment les salariés, et nous dire comment l'État entend jouer son rôle ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.