Ayant un petit problème de santé ce matin, je ne sais pas si j'aurai une énergie au niveau de la colère que suscitent chez moi et chez nous ces accords de nouvelle génération. Je ne vous apprends rien puisque, de façon récurrente, nous avons exprimé dans cette commission, à l'Assemblée et dans le pays notre ferme opposition à cette logique qui s'assoit sur les objectifs de la COP21, y compris sur des objectifs que la France s'est elle-même assignés, et qui tourne le dos à toute l'ambition de relocalisation de l'économie et de frein à des échanges inutiles et dévastateurs sur le plan environnemental mais aussi sur le plan social et économique. Il y a un enjeu démocratique car cette proposition de résolution arrive un peu tard ; les négociations se déroulent depuis 2018 et nous arrivons en validation a posteriori d'accords qui sont déjà quasiment scellés. Nous voilà avec une proposition de résolution qui, au fond, demande gentiment de bien vouloir réviser quelques formulations pour nous acheter une bonne conscience. C'est du greenwashing, c'est à la mode.
Je ne vois absolument pas, à travers ce qui n'est pas un rapport de force, ce que nous allons pouvoir obtenir concrètement pour que ce type d'accord ne soit pas validé. D'autres accords ont été passés, notamment avec le Canada, mais avec la Nouvelle-Zélande nous atteignons un certain cynisme car ce pays n'a pas signé deux des conventions de l'OIT – la convention nº 87 sur la liberté syndicale et la convention n° 138 sur l'âge minimal pour le travail – et son bilan est particulièrement effrayant pour les émissions de gaz à effet de serre, avec une agriculture productiviste dévastatrice. Je ne vois pas très bien ce que nous allons gagner. Même la Commission européenne a évalué ce que produirait cet accord en termes d'émission de gaz à effet de serre, soit + 0,38 % pour l'Australie, + 0,64 % pour la Nouvelle-Zélande et + 0,04 % pour l'Union européenne. D'un côté, on tient des beaux discours : « la jeunesse se mobilise pour le climat, elle a raison, nous signons la COP21, ce sont les autres qui sont méchants ; nous, nous sommes vertueux ». De l'autre, au final et en catimini, nous validons structurellement une économie mondiale fondée sur des échanges bilatéraux qui vont détruire plus encore nos protections, nos droits et notre environnement.