Je ne doute pas de votre bonne foi, monsieur le président, dans votre volonté de rendre plus lisible le travail parlementaire. De cela, je n'ai pas de raisons de douter.
Mais, lorsque tous les groupes d'opposition appellent votre attention sur le fait qu'une pensée complexe ne peut se synthétiser en cinq minutes, cela mérite, je le crois, réflexion et même concession. Cela permettrait, à défaut d'une adhésion enthousiaste, un compromis sur votre projet de réforme de notre règlement.
Je veux insister sur un point qui n'a pas été évoqué. Dans notre groupe siègent des députés ultramarins. Et, trop souvent, les députés ultramarins ont le sentiment que les politiques publiques ne prennent pas en compte la spécificité de leurs territoires respectifs.
Or, au sein d'un groupe comme le nôtre, un temps de parole de dix minutes offre à nos collègues ultramarins l'occasion d'exprimer leur spécificité lors de la discussion générale, qui pourrait d'ailleurs être aussi un moment d'expression de la pluralité des territoires. En revanche, en rabougrissant le débat, en nous privant de la possibilité de faire part des sensibilités non seulement politiques, mais également territoriales, qui font la richesse de nos groupes, vous privez le Parlement de sa force. Car tout en se conformant à l'unicité républicaine, il est fort de la richesse et de la pluralité qui font, justement, notre République une et indivisible. Les outre-mer et les territoires en général méritent un peu plus d'attention, surtout dans le contexte actuel et à la lumière des événements que nous venons de traverser.