Monsieur Larsonneur, vous avez posé la question de savoir comment nous nous organisons dans le cadre du projet MGCS et où nous en sommes dans la réflexion et les échanges avec les autres fournisseurs de premier rang français.
Pour le moment, la première phase sur laquelle nous sommes très actifs, est une première phase de recherche et technologie portant essentiellement sur l'architecture générale du système et des questions comme l'analyse de la valeur, les briques technologiques, questions qui, dans ce premier temps, s'adressent aux trois maîtres d'oeuvre potentiels que j'ai déjà cités. Les équipementiers seront donc impliqués dans une phase légèrement décalée. Cette première phase d'architecture devrait normalement commencer dans six mois à peu près, voire un peu plus tard selon les thèmes et les sujets. Il n'en demeure pas moins que Nexter a pris contact avec les grands acteurs qui sont ses partenaires habituels, notamment sur SCORPION. Les partenaires habituels français, comme Thales, seront évidemment impliqués. Cela répond également à la question portant sur la numérisation de MGCS.
Donc, des contacts ont été pris avec Thales. Nous avons même écrit la façon dont nous pourrions nous organiser ensemble. J'ai également évoqué le sujet avec des sociétés comme Safran, Arquus, pour commencer à échanger sur ce que pourrait être leur contribution, tout en étant bien conscient que le débat détaillé sur leur contribution en fonction des équipements interviendra dans un deuxième temps.
Pour revenir justement à la question de M. Becht sur la numérisation et l'importance de la numérisation dans MGCS, la France a très clairement investi dans le programme de système de systèmes qu'est SCORPION, qui est avant tout un système de communication et de combat collaboratif dans lequel s'inscrivent les différents systèmes, que sont un blindé de transport, un blindé de reconnaissance et de combat comme le Jaguar, le Leclerc qui sera mis à niveau de 2020 jusqu'aux années 2035, date d'arrivée de son successeur, mais aussi le combat d'infanterie, etc.
La France a pris comme principe fondateur que le MGCS devrait s'intégrer dans cette bulle de communication et de combat SCORPION. Il est donc tout à fait naturel que Thales qui en est un des acteurs très importants – aussi bien qu'Atos avec le système d'information et de combat SCORPION – soit impliqué dans MGCS pour assurer l'intégration de ce nouvel équipement au sein du système de systèmes SCORPION.
L'Allemagne suit une démarche analogue, bien moins avancée que la France. Elle réfléchit également à ce que pourrait être son architecture de communication et de combat. Elle devrait appliquer le même principe que pour le char MGCS aux systèmes qui seront employés dans les forces allemandes. L'avancement est moindre qu'en France : nous sommes en avance technologique, et en avance en termes de réalisation puisque la livraison des premiers véhicules du programme SCORPION se fera cette année. Je vous le confirme, et j'y reviendrai pour développer ma réponse à M. Verchère.
Ensuite, il faudra, au service de l'interopérabilité entre nos deux armées, assurer que le char français SCORPION puisse aussi communiquer avec le char allemand du SCORPION allemand, qui pourrait s'appeler DLBO – mais ce n'est pas encore fixé. Il faudra donc travailler sur ces trois axes : MGCS dans SCORPION, MGCS dans DLBO, et le char français parlant au char allemand. Ce sujet est donc très clairement identifié. D'ailleurs, le système de communication et de combat a été une des briques technologiques prise en compte dès le début dans les différents sous-groupes de travail, et il est évident que Thales, qui d'ailleurs est aussi présent en Allemagne et sur certains blindés, aura un rôle important à jouer dans cette réflexion.
Je peux donc enchaîner avec la question de M. Verchère sur SCORPION. S'agissant du calendrier, l'avancement sur les chaînes d'assemblage final à Roanne est palpable. Nous avons des dizaines de véhicules en cours de production, pour atteindre les deux objectifs partagés par l'ensemble des acteurs, mais plus particulièrement par les trois acteurs de premier rang au sein du groupement momentané d'entreprises que sont Arquus, Thales et Nexter : obtenir la qualification du véhicule blindé multi-rôles (VMBR), le Griffon, par la DGA d'ici au 1er juillet ; et livrer, avant la fin de l'année 2019, les 92 premiers Griffon aux forces – du moins, les présenter à la DGA dans un premier temps pour acceptation, avant qu'ils n'arrivent dans les forces. Cet objectif, conforme au contrat initial, a été réaffirmé par un engagement formel des trois entreprises auprès de la DGA à la fin de l'année dernière.
Nous avons anticipé la montée en cadence. C'est la raison pour laquelle aujourd'hui, quand on va à Roanne, on voit des dizaines de véhicules en cours de construction. Je n'ai pas le chiffre exact, qui change tous les jours, mais entre les caisses, les véhicules qui sont assemblés progressivement et ceux qui reçoivent leurs équipements, le nombre de véhicules en construction montre que cet objectif est à notre portée.
Des questions portaient sur l'export. Mme Dumas m'interrogeait sur une part et un niveau cible pour l'export. Je partage totalement le sous-jacent de votre question, qui consiste à dire que l'export de défense est absolument indispensable aux équilibres économiques, à la pérennité et aussi à la compétitivité de notre industrie : plus nous amortissons nos frais fixes sur des quantités plus importantes, plus nous pouvons proposer des prix compétitifs, que ce soit aux clients français ou aux clients étrangers.
Cet export contribue à la moitié des emplois en France ainsi qu'à l'économie de notre pays, à sa balance commerciale, à ces ressources fiscales. Je peux d'ailleurs dire, au passage, à M. Lachaud que nous payons un taux d'impôt en France parfaitement conforme au taux d'impôt sur les sociétés. Il est vrai qu'il y a eu des déficits reportables antérieurs, mais le taux d'impôt de Nexter est un taux d'impôt français, de 34 %, qui est payé par Nexter en France avant que la part de résultat nette d'impôt remonte en deux parts égales à l'État et à l'actionnaire allemand.
Pour revenir sur l'export, il contribue aussi à l'influence de notre pays, parce qu'une exportation est toujours soumise à une autorisation, et souvent accompagnée d'accords de coopération qui, eux-mêmes, prolongent l'action de la France et son influence, mais aussi contribuent à sa défense quand il s'agit de pays alliés qui partagent certains objectifs.
La part de l'exportation pour notre activité munitions, qui comprend trois entités, une française, une belge et une italienne, est historiquement au-dessus des 50 % et la part des véhicules et systèmes était historiquement en dessous des 50 %. L'un des objectifs poursuivis par Nexter est de parvenir à un équilibre d'à peu près 50 % export et 50 % France, et nous nous rapprochons donc de l'objectif. Il est clair que des contrats comme ceux conclus au Danemark, en Indonésie et en Belgique vont contribuer à l'atteindre. Je considère, comme d'autres industriels de défense, qu'un bon équilibre pourrait être de 50 % France et 50 % export, préservant des capacités pour les besoins de la France et contribuant à la compétitivité du pays.
J'ai cité quelques exemples de contrats signés avec des pays. CaMo est en cours d'approbation, je sais bien que ce n'est pas encore définitif, mais j'ai bon espoir.