Si nous devions rédiger une loi d'orientation des mobilités, nous partirions du principe opposé : moins vite et plus cher pour le transport de marchandises. Nous taxerions le gazole, mettrions fin au dumping social, relèverions les coûts du péage – comme a pu le faire la Suisse qui n'est pourtant ni un pays marxiste ni un pays autoritaire – , nous ferions porter le coût de la pollution sur les entreprises de transport.
Quels seraient les objectifs de ce mot d'ordre : « Moins vite et plus cher pour le transport de marchandises » ? Ce seraient la suppression des transports inutiles – et ils sont nombreux – , le glissement vers le fret ferroviaire, plutôt que sa casse, et les relocalisations. Les relocalisations, elles peuvent survenir si l'on augmente le coût du transport routier en Europe et celui du transport maritime dans le monde. Ce serait la meilleure arme contre les délocalisations. Si l'on veut le retour du sèche-linge ou du lave-linge à Amiens, il faut augmenter le coût du transport, afin d'empêcher un tel éloignement des lieux de production et des lieux de consommation.
Je lisais ce matin une citation tirée d'un discours de Mark Zuckerberg, le patron de Facebook : « C'est la lutte de notre temps. Les forces de la liberté, de l'ouverture et de la communauté mondiale [… ] Forces pour le flux de la connaissance, du commerce [… ] contre ceux qui les ralentiraient. » Là est en effet l'enjeu de notre combat : les ralentir. Ralentir les flux de capitaux ; ralentir les flux de marchandises ; ralentir, ralentir, ralentir, quand tous les Mark Zuckerberg du monde et leurs alliés politiques ne font qu'accélérer – accélérer les travailleurs qu'on jette, accélérer la planète qu'on brûle.