Nous sommes réunis aujourd'hui pour débattre de la première loi d'orientation sur le transport depuis 1982. C'est dire combien étaient immenses les espoirs que l'annonce par l'exécutif du lancement de ce vaste chantier avait suscités, sur ces bancs comme parmi les associations. La déception que les uns et les autres partagent désormais est à la hauteur de ces espoirs.
Tout n'est pas à jeter cependant dans ce texte, loin s'en faut. On saluera les dispositions relatives aux mobilités dites actives, aux mobilités partagées ou encore aux mobilités propres. Il est fort à parier cependant qu'une fois de plus, madame la ministre, vos ambitions ont été bridées par Bercy, qui me semble bien plus enclin à sortir son chéquier pour aligner les cadeaux aux plus riches que lorsqu'il faut accompagner la transformation des mobilités face aux enjeux sociaux, sociétaux et surtout environnementaux.
Il faut bien avouer que ce texte, sur tous les plans, est celui des espoirs brisés, en premier lieu du point de vue budgétaire. Nous doutons donc sérieusement de votre capacité à financer les ambitions affichées.
Outre que, comme à l'accoutumée, les hausses budgétaires promises sont insincères, les montants annoncés se situent tous en deçà des besoins estimés, que ce soit pour la programmation pluriannuelle des routes, pour le fluvial ou pour le ferroviaire, où l'on nage dans le flou le plus total.
Nous avons vraiment l'impression d'avancer à l'aveugle. Alors que ce gouvernement nous sert une portion quotidienne de greenwashing, aucun objectif n'est fixé pour la sortie du diesel ou pour l'accompagnement des solutions alternatives au moteur thermique. Rien, non plus, sur la réactivation d'une partie d'un réseau ferré – on peut toujours rêver… – qui compte pourtant parmi les plus denses au monde, mais une logique « tout route » difficilement compréhensible alors que, chaque jour, on culpabilise un peu plus ceux qui n'ont pas d'autre choix que d'utiliser leur voiture.
Par ailleurs, avec ce projet, je m'inquiète de l'abandon progressif du « collectif » au profit de l'« individuel » ou du service public au profit de l'offre privée.