Pour aller dans le sens de mon collègue Serge Letchimy, je voudrais sensibiliser la représentation nationale à ce que peut être le droit à la mobilité dans nos territoires.
Il est question aujourd'hui de nouvelles technologies, de nouvelles formes de mobilité. Pourtant, dans de nombreux territoires d'outre-mer, nous sommes encore à l'ère préhistorique. C'est pourquoi nous présenterons des amendements de bon sens, qui ne visent qu'à régler les inégalités actuelles.
Favoriser les transports entre les îles ou les archipels n'est pas un luxe. La France, je le rappelle, n'est pas uniquement hexagonale ou continentale. Il est beaucoup question dans ce projet de loi de votre capacité à vous déplacer dans l'Hexagone. Pourtant, la France est d'abord mondiale et maritime : 97 % de son espace maritime se trouve en outre-mer et deux tiers, dans le Pacifique.
Nous sommes des territoires océaniques. La Polynésie, par exemple, compte 118 îles, dont 105 sont habitées – de manière permanente pour 96 d'entre elles. Nous devons donc penser la mobilité en y intégrant l'aérien et le maritime. Pour réussir le désenclavement de ces îles, il est fondamental que les dispositifs nationaux instaurés dans l'ensemble de ces territoires, départements ou collectivités autonomes, soient plus efficients et plus efficaces.
Nos concitoyens français, qui habitent dans des lieux parfois très isolés, n'ont que peu de solutions de déplacement. Soixante des 105 îles habitées de Polynésie se trouvent dans ma circonscription. La plupart d'entre elles comptent moins de 1 000 habitants, qui utilisent au quotidien non pas une voiture mais le bateau. Seules de petites embarcations permettent de rejoindre les villages où les habitants peuvent accéder aux services publics classiques, lorsqu'ils existent.
Nous parlons de mobilité, de connectivité, de développement économique. Nous ne demandons certainement pas l'égalité, car nous savons que cela n'est possible ni matériellement ni financièrement. Mais qu'il y ait au moins un minimum ! Je vous demande donc d'être sensibles à nos arguments lorsque nous présenterons nos amendements. Celui de M. Gomès, pour la Nouvelle-Calédonie, vise à ouvrir la continuité territoriale, au sein de l'archipel.
Quant au département de la Guadeloupe, que représente Mme Benin, il compte aussi de petits îlots et îles habités, où il est compliqué de se rendre. De même, la Guyane a fait de la continuité territoriale une priorité pour se désenclaver. Dans nombre de ces territoires, les obligations ne sont pas respectées et les infrastructures sont vétustes.
Tels sont les constats que je souhaitais partager avec vous, pour que vous preniez conscience qu'évoquer la seule mobilité continentale ne suffit pas. La France, mondiale et maritime, est un archipel, qui possède des centaines d'îles sur lesquelles vivent des Français, pour lesquels nous votons certains droits.
Il est formidable que l'hydrogène et les nouvelles technologies contribuent à l'effort de lutte contre le réchauffement climatique, effort indispensable, dont nous bénéficions. Mais il faut aussi faciliter les petits déplacements du quotidien. Nous ne demandons pas la lune, mais nous souhaitons que nos concitoyens puissent bénéficier de ce petit apport, qui est essentiel.
Je reviendrai sur ce sujet en défendant un amendement concernant les salariés qui, ne pouvant être formés dans leur territoire, suivent une formation en métropole. Depuis trois ans, nous demandons à l'État d'ouvrir la continuité territoriale, pour accroître la qualification professionnelle des salariés. Nous n'avons reçu aucune réponse à ce jour.
Sur ce sujet, je rejoins entièrement les propos de Serge Letchimy. Prenez conscience que la mobilité n'a pas du tout le même sens dans l'Hexagone et dans les territoires d'outre-mer – bassin caribéen, Océan indien, Océan pacifique. Il est fondamental que nos espaces régionaux soient pris en compte.
Il en va de même dans cet hémicycle, où vous pouvez penser au niveau européen, mais aussi ouvrir des dispositifs pour nos régions, qui jouxtent des territoires internationaux. Les aides à la mobilité que nous demandons pour nous rendre dans les pays voisins ne sont pas un luxe : parce qu'elles soutiennent nos étudiant et nos chefs d'entreprise, elles permettent le désenclavement et le développement de ces territoires.