Intervention de Geneviève Darrieussecq

Séance en hémicycle du vendredi 7 juin 2019 à 9h30
Débarquement de normandie — Discussion générale

Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'état auprès de la ministre des armées :

Je voudrais d'abord remercier tous les orateurs pour la qualité de leurs interventions, dans lesquelles l'émotion était palpable. Vous avez ainsi fait écho à l'émotion que nous avons pu ressentir lors des cérémonies d'hier.

À cette heure, il y a soixante-quinze ans, plus de 150 000 hommes occupaient quatre têtes de pont sur le littoral de la Manche et du Calvados. À cette heure, les vivants comptaient les morts de la veille, des blessés pansaient leurs blessures, et les soldats valides tenaient leur position et se préparaient à recevoir la contre-attaque allemande et à poursuivre l'offensive.

À cette heure, si le pont de Pegasus Bridge est tenu, si le Débarquement a été une réussite, les objectifs initiaux n'ont pas été atteints. Les villes de Carentan et de Caen en sont les témoins et les exemples. La terrible bataille de Normandie commence, celle des panzers blottis dans le bocage, celle des snipers dans les haies, celle des affrontements violents dans les marais.

Il y a soixante-quinze ans, la marche pour la liberté avait débuté en Normandie. Elle fut longue et âpre. Rien ne fut facile, rien ne fut évident ; l'adversaire n'avait pas la vocation de la reddition, il était résolu, fort, organisé.

Comme le déclara le général de Gaulle le jour même, lors de son discours radiodiffusé, « La bataille suprême est engagée. [… ] D'immenses moyens d'attaque, c'est-à-dire, pour nous, de secours, ont commencé à déferler à partir des rivages de la vieille Angleterre ».

Le 6 juin 1944 est bien l'aube de notre liberté retrouvée et le crépuscule du nazisme. Le jour J porte en lui le débarquement de Provence, la libération de Paris, la reconquête de l'Alsace et la victoire définitive contre l'oppresseur.

C'est à tous les soldats des armées alliées que nous avons consacré ces derniers jours. C'est à nos valeureux combattants français que nous avons rendu hommage. Ce sont les résistants, les justes, les héros, les victimes civiles, que nous avons salués.

Les commémorations d'hier ont permis de rendre un hommage appuyé au sacrifice de milliers de jeunes et de saluer la mémoire de leurs chefs. Les anciens combattants de chaque nation qui sont encore parmi nous ont été au coeur des cérémonies : Léon Gautier, figure emblématique des commandos Kieffer, mais aussi des centaines de vétérans de tous les pays ont été honorés par les personnalités présentes, par tout le public, dans une véritable communion d'hommages. Ils ont été les véritables héros de cette journée du 6 juin 2019.

Hier, le temps était au souvenir et à la fraternité. Au courage, nous avons répondu par la gratitude ; au sacrifice consenti, nous avons répondu par la reconnaissance éternelle.

Je salue cette proposition de résolution émanant de la représentation nationale, de son président et de la plupart des présidents de groupe. C'est une belle initiative qui répond à celle de la Chambre des représentants des États-Unis. Il est des symboles qui comptent, qui ont un sens et qui s'inscrivent dans un dialogue entre nations alliées.

Par cette résolution, la France réaffirme qu'elle sait ce qu'elle doit aux soldats de la liberté. Elle se souvient de ceux qui ont uni leurs forces pour transpercer le mur de l'Atlantique et poursuivre la libération de notre territoire. Elle salue la mémoire de tous ceux qui ont donné leur vie pour abattre le régime nazi.

Par cette résolution, la France dit une nouvelle fois sa reconnaissance. Elle salue le courage et la détermination de jeunes hommes qui, loin de chez eux, ont lutté pour un idéal supérieur : celui de la dignité humaine, de la fraternité et de la liberté. Ils étaient Britanniques, Américains, Canadiens, Néo-Zélandais, Australiens, Polonais, Norvégiens, Néerlandais, Belges, Luxembourgeois. Ils étaient nos alliés hier ; ils le sont toujours aujourd'hui. Soixante-quinze ans après, nous avons toujours la liberté et la justice pour passion commune.

La ferveur que nous avons vue hier chez nos alliés, dans notre nation, dans notre jeunesse, me fait dire que la transmission de la mémoire fonctionne, que ces cérémonies ont un sens et continuent de parler aux Français du XXIe siècle. La mémoire combattante le mérite ; nos anciens combattants de toutes les générations du feu, nos résistants, le méritent.

Je suis certaine que la ferveur d'hier se retrouvera dans le sud de la France, en Provence, dans quelques semaines. Je suis certaine que, dans la capitale, nous serons nombreux à nous souvenir du défilé glorieux des Champs-Élysées le 26 août 1944. Je crois les Français sincèrement attachés à leur histoire et à leur mémoire. Ce sont là deux piliers de notre identité et un ciment de notre vivre ensemble, et si nous faisons nation, c'est parce que nous partageons cette histoire commune.

Parce que le Gouvernement continuera de manifester la gratitude de la France à l'égard de ses alliés, de tous ses alliés, parce que le Gouvernement continuera de rendre les honneurs aux anciens combattants et aux résistants, sans qui rien dans ce conflit n'aurait été possible, parce que le Gouvernement veut préserver notre patrimoine mémoriel, notamment en Normandie, parce que le Gouvernement encourage le travail de mémoire et fait de la transmission aux jeunes générations l'une de ses priorités, parce que c'est ainsi que nous façonnerons notre avenir, j'encourage la représentation nationale à adopter cette résolution sans aucune hésitation, et surtout avec une profonde conviction.

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