Intervention de élisabeth Borne

Séance en hémicycle du vendredi 7 juin 2019 à 15h00
Mobilités — Après l'article 22 bis aa

élisabeth Borne, ministre chargée des transports :

Matthieu Orphelin n'était pas parmi nous lorsque j'ai rappelé, au début de l'examen de l'article 22, l'engagement déterminé et, je crois qu'on peut le dire, inédit du Gouvernement et des deux assemblées en faveur du vélo.

Je suis pleinement convaincue qu'il faut développer l'usage du vélo dans nos villes comme dans les zones rurales et les petites villes. Comme je l'annonçais tout à l'heure, nous accompagnerons 124 nouvelles collectivités dans le cadre de la stratégie « Vélo et territoires », en plus des 102 collectivités qui y sont déjà engagées.

Le vélo, si l'on veut en développer l'usage, doit pouvoir être pratiqué en toute sécurité. J'ai d'ailleurs assisté, avec nombre d'entre vous, à la cérémonie de commémoration du décès d'Armelle Cizeron, un an après celui-ci, aux côtés de ses parents dont je salue à mon tour l'engagement remarquable dans la sensibilisation aux risques, insupportables, courus par les cyclistes faute d'itinéraires correctement aménagés dans nos villes. C'est donc avec conviction que je défends l'impérieuse nécessité de permettre le développement du vélo en toute sécurité, partout dans notre pays.

Cela passe d'abord, j'en suis convaincue aussi, par une stratégie vélo – avec les 226 collectivités que nous accompagnerons – et par la mise en place d'itinéraires sécurisés. Éviter que les vélos soient pris dans la circulation au milieu de véhicules beaucoup plus lourds qu'eux, cela me parait être la base, car le moindre choc est alors une menace pour la vie des cyclistes.

Nous développons donc des stratégies d'accompagnement, et allouons 100 millions d'euros par an à la DSIL – dotation de soutien à l'investissement local – pour l'aménagement d'itinéraires cyclables. Pour la première fois, nous avons aussi ouvert un fonds vélo, en vue d'assurer la continuité des itinéraires cyclables. Ce sont d'abord des mesures de ce genre, j'en suis convaincue, qu'il nous faut prendre.

Je me réjouis aussi de l'adoption d'un règlement qui apporte une réponse au problème des angles morts sur les véhicules lourds. Pour autant, comme je l'ai dit en commission, les amendements présentés ici me laissent assez perplexe.

La rédaction proposée permet qu'à côté de villes qui s'engagent fortement pour développer des itinéraires sécurisés, des élus qui ne font rien et n'ont rien concrétisé puissent reporter le problème sur d'autres. Des maires pourront ainsi s'engager résolument dans le développement d'itinéraires sécurisés – les garages sécurisés répondant, quant à eux, aux enjeux de la lutte contre le vol – , tandis que d'autres pourront ne pas s'engager et ne pas réaliser de ces itinéraires, tout en interdisant à des professionnels d'entrer dans les centres-villes. Je souscris évidemment à l'idée qu'il faut revoir notre logistique du dernier kilomètre, mais c'est un autre sujet. Ces maires pourraient ainsi faire peser une obligation sur des professionnels et les fragiliser, ou du moins rendre impossible l'accès au centre-ville à ceux d'entre eux qui n'auront pas les moyens d'équiper leurs véhicules en « retrofit » avec de tels dispositifs.

Sur ces questions, au-delà de l'engagement dont font preuve les collectivités pour réaliser des itinéraires cyclables – qu'il faut soutenir, accompagner et stimuler – , il faut mener un travail du même type que celui que nous avons réalisé à propos des zones à faible émission et regarder comment les villes s'attachent, en prenant des engagements réciproques, à faire progresser la sécurisation des vélos. Cette question doit être travaillée avec France urbaine ou avec des villes plus petites qui souhaitent mettre en place de tels dispositifs, afin de parvenir à une proposition robuste d'engagements réciproques au bénéfice de la sécurité des cyclistes.

En l'état, la mesure proposée ne me paraît toutefois pas opérante ni susceptible de promouvoir un engagement équilibré des collectivités et des autres parties prenantes autour de la sécurité des cyclistes, enjeu qui doit tous nous mobiliser. Je propose donc le retrait de ces dispositions, afin qu'elles puissent être retravaillées.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.