Je voudrais auparavant, si vous le permettez, madame la présidente, commenter ce que vient de dire notre collègue Duvergé sur les biomasses.
Nous subissons aujourd'hui un effet « lampadaire » : nous regardons ce que nous connaissons, sans avoir de vision globale des questions d'énergie. Un projet de loi va bientôt être examiné, mais la discussion s'annonce plutôt fermée et je ne sais pas si nous pourrons avoir ce débat à cette occasion. Il est vraiment dommage que le Parlement ne puisse pas aborder ce sujet.
Vous avez posé les bonnes questions, monsieur Duvergé : celle des arbitrages entre les différentes fonctions ; celle de la biodiversité ; celle de la souveraineté alimentaire ; celle de la contribution aux énergies renouvelables. La méthanisation et le biogaz en général sont confrontés à ce problème de l'adéquation. Aujourd'hui, nous marchons à l'aveugle, alors que nous aurions besoin d'une vision globale – cela nous manque terriblement.
En attendant, il y a au moins quelques certitudes. Pour le groupe Socialistes et apparentés, l'une d'entre elles est, comme vient de le dire brillamment Delphine Batho – dans les pas de qui je vais marcher – , qu'il convient de retenir l'échéance de 2030 pour la fin de la vente des véhicules utilisant des énergies fossiles. Nous avons déjà eu l'occasion d'en parler ensemble, madame la ministre, et vous m'avez rappelé l'engagement de Nicolas Hulot, engagement qui nous avait paru très courageux à l'époque. Je soulignerai toutefois que, premièrement, cet engagement n'est pas normatif, dans la mesure où il ne fixe qu'une orientation, sans aucune obligation ; deuxièmement, il nous paraît en décalage avec la nouvelle donne que constituent le dernier rapport du GIEC et le dernier Sommet sur la biodiversité.
En effet, ce qui me préoccupe le plus, à titre personnel, moi qui travaille sur la réforme foncière et sur la protection et le partage des terres, ce sont les interactions qui existent entre les phénomènes et les conséquences que peuvent avoir les questions de biodiversité et de climat sur d'autres choses que la consommation d'énergie, en particulier sur la consommation alimentaire, du fait de la dégradation du potentiel et de la fertilité des sols.
Ce phénomène d'accélération nous conduit à penser qu'il faut aller plus vite en matière de sortie des énergies fossiles, pour ce qui concerne les véhicules légers. Bien sûr, vous nous opposerez l'argument de la nécessaire mutation de nos industries. Personne n'y est indifférent – en tout cas, le groupe Socialistes et apparentés se préoccupe beaucoup de la sortie du diesel et, plus généralement, de la mutation de la motorisation.
Avec Boris Vallaud, nous pensons qu'il serait urgent de concevoir pour notre pays un dispositif financier qui puisse accompagner la mutation écologique que notre industrie devra opérer. Il faut que l'ensemble des secteurs d'activité concernés par cette mutation soient socialement accompagnés, tant en matière de recherche et développement que de reconversion des sites et d'accompagnement des hommes vers de nouveaux métiers. Une conviction nous anime, celle que la transition écologique sera, à terme, génératrice d'un plus grand nombre d'emplois que le système actuel – mais il faut accompagner cette mutation et ne laisser personne sur le bord du chemin.
Nous vous invitons donc à être plus radicaux s'agissant de la fin de la vente des véhicules utilisant des énergies fossiles, tout en appelant de nos voeux la création d'un fonds pour le financement de la mutation, à destination des hommes, des territoires et des secteurs industriels.