Et c'est un frein pour beaucoup de jeunes. J'ai rencontré lors de mes déplacements, notamment dans les Ardennes, des jeunes qui avaient identifié une formation ou un apprentissage qui leur correspondait dans leur département, mais qui avaient dû y renoncer car ils n'avaient pas la mobilité nécessaire, faute de permis de conduire et de moyens de le financer. Le coût du permis est un frein pour la mobilité de beaucoup de jeunes.
Des dispositifs d'aide ont été mis en place, notamment par des collectivités locales, mais il y a encore beaucoup de jeunes qui ont des difficultés. Une des mesures importantes de notre plan pour réduire le prix du permis de conduire et pour faciliter l'accès des jeunes consiste d'ailleurs à créer une plateforme permettant d'apporter une information sur l'intégralité des aides proposées. Ce sera une sorte de « TripAdvisor » des aides des collectivités et de l'État pour le permis de conduire. Un certain nombre de mesures vont également faire baisser le coût. Je vous renvoie à l'excellent rapport rédigé par votre collègue Mme Françoise Dumas, qui est la base des annonces faites par le Premier ministre.
Vous avez estimé que le recours à des simulateurs constituerait un risque pour la sécurité. Or toutes les études réalisées montrent que ce n'est pas le cas. Les simulateurs sont tellement performants qu'ils permettent d'apprendre la conduite quasiment dans des conditions réelles. Il ne s'agit pas de dire, évidemment, que les simulateurs vont remplacer de A à Z l'expérience sur la route. Mais on peut les multiplier et les systématiser car cela permet d'atteindre les mêmes objectifs. Les études le montrent, comme le rappelle le rapport de Mme Françoise Dumas. Par ailleurs, cela permet de réduire le coût.
Ce n'est pas à moi d'apporter des garanties sur ce sujet, car il ne dépend pas de mon ministère. Néanmoins, je rappelle que des garanties ont été apportées par le ministre de l'intérieur, M. Christophe Castaner, et par le Premier ministre, lui-même, qui ont tous les deux dit – nous étions ensemble en Charente pour annoncer le plan relatif au permis de conduire – que l'objectif est de réduire le coût, mais pas la sécurité et la formation des jeunes : on garantit le même niveau de sécurité. C'est une garantie qui a été apportée.
Mme Duby-Muller m'a aussi demandé comment le coût va baisser. J'ai cité l'exemple des simulateurs, mais il y a également des mesures, que je ne vais pas détailler, qui concernent l'apprentissage sur boîte automatique, avant une conversion en permis classique, et la réduction des délais – cela coûtera moins cher et ce sera plus rapide. Nous avons prévu des mesures très concrètes. La formation au code de la route sera prise en charge dans le cadre du SNU, pour un montant de 70 euros par jeune. Un premier module de formation au code est prévu dans la phase de cohésion du SNU, puis les jeunes auront accès, depuis chez eux, à une plateforme gratuite d'entraînement : le premier passage du code sera également gratuit pour eux. Cela représente 70 euros pris en charge par les pouvoirs publics, je l'ai dit, mais cela conduira, en réalité, à une économie plus importante pour les jeunes, car vous savez bien que des marges sont réalisées dans ce domaine – je crois qu'on peut le dire.
M. Portarrieu m'a interrogé sur les activités sportives, et notamment sur le rugby. Le coeur des activités sportives prévues dans le cadre du SNU s'inspire de ce qui existe dans des préparations militaires – le dépassement, la course d'orientation, le franchissement d'obstacles ou encore le raid en forêt. Je crois beaucoup au rôle du sport comme vecteur de cohésion. Il s'agit de faire du SNU un moment de cohésion générationnelle, et le sport peut jouer un rôle dans ce domaine. En ce qui concerne la phase pilote, je peux vous annoncer que nous allons tester une participation du rugby au module sportif. Je vais signer une convention avec la Fédération française de rugby le 15 juin, qui est la date de la finale du Top 14. Nous allons tester dans plusieurs centres du SNU – pas tous – le rugby comme vecteur de cohésion. Nous travaillons avec les fédérations nationales d'athlétisme, de boxe, de karaté et de judo pour tester différents modules. La phase pilote a pour vocation de tester des possibilités et des organisations différentes. Nous reprendrons ce qui fonctionne le mieux pour atteindre nos objectifs dans le cadre de la montée en puissance.
En réponse à l'intervention de M. Testé, il y aura bien un module de self-défense dans le cadre du SNU. Nous l'avons construit avec la Fédération française de judo, qui a formé spécifiquement treize de ses cadres. Il ne s'agit pas d'un module de judo, mais de self-défense à partir des techniques du judo. Ce module fonctionne très bien : je peux vous le dire puisque je l'ai testé moi-même sur un tatami. C'est très utile. Les jeunes qui ont fait le test avec moi ont également beaucoup appris. On apprend par exemple à chuter. C'est important pour mieux savoir se relever, ce qui vaut dans tous les domaines. (Sourires) Ce module correspond à une demande très forte, notamment de jeunes filles, dans la consultation numérique que nous avons réalisée.
M. Sorre m'a posé plusieurs questions sur la vie associative. Je veux d'abord vous remercier pour la table ronde que vous avez organisée au sein de votre groupe d'études sur la vie associative, et auquel je sais que Mme Provendier a notamment participé. Mon souhait est de continuer à soutenir le développement du service civique et qu'il y ait davantage de jeunes ayant accès à une mission dans ce cadre. Nous avançons dans cette direction. Je rappelle que le budget de l'Agence du service civique a augmenté de 50 millions d'euros dans le cadre de la loi de loi de finances pour 2019, ce qui est un engagement important dans le contexte actuel. Je travaille à ce que l'augmentation des crédits se poursuive.
En ce qui concerne le FDVA, je ne vais pas reprendre ce que j'ai dit à l'heure.
Mme Calvez a abordé la question de l'égalité femmes-hommes. C'est un enjeu extrêmement important, et même central, dans le SNU. Il y aura évidemment une parité entre les filles et les garçons, même si nous avons eu une petite inquiétude au début : on comptait beaucoup plus de filles parmi les volontaires, mais un rééquilibrage a eu lieu et nous atteindrons donc la parité pour la phase de cohésion. En ce qui concerne la formation des encadrants, un module porte sur la lutte contre les discriminations et sur l'égalité femmes-hommes. Des mouvements d'éducation populaire, notamment la Ligue de l'enseignement et la Fédération Léo Lagrange, ont assuré ce module. J'ai vu les cadres de compagnie après la mise en oeuvre de ce module à Saint-Cyr-Coëtquidan, et je peux vous dire qu'il est extrêmement efficace : les intéressés ont tous beaucoup appris et ils étaient tous très « emballés ». Je précise aussi qu'il y a eu un module de formation avec le Délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH), Frédéric Potier, qui s'est déplacé en personne. La DILCRAH sera très présente en la matière. Je rappelle aussi qu'un module sur les valeurs de la République, la citoyenneté et la lutte contre les discriminations sera assuré par les mouvements d'éducation populaire à destination des jeunes.
Je pense que la question de l'IVG entre dans le module de santé – soit le bilan de santé et de prévention – dont bénéficieront les jeunes ; on pourra le vérifier, mais je crois qu'une information sur l'IVG sera délivrée dans ce cadre. C'est peut-être aussi le cas dans le module sur l'accès aux droits. C'est un sujet important sur lequel nous avançons.
S'agissant de l'égalité femmes-hommes, je rappelle ce que j'ai dit tout à l'heure sur les contenus prévus le soir, notamment en ce qui concerne les documentaires et les films qui seront présentés aux jeunes et qui donneront lieu à une discussion. Un match très important de la Coupe du monde de football féminin, entre la France et le Nigéria, aura lieu pendant la phase pilote du SNU, le 17 juin. J'ai demandé que ce match soit diffusé dans tous les centres du SNU et que tous les jeunes le regardent ensemble. Il y a un enjeu relatif aux stéréotypes à casser et à la promotion du sport féminin. Je travaille sur ce sujet avec Mme Marlène Schiappa, qui viendra sans doute regarder le match avec moi et les jeunes.
M. Claireaux a parlé de l'outre-mer. La Guyane est effectivement le département d'outre-mer pilote pour cette première phase. Vous m'avez demandé comment promouvoir le SNU dans les territoires ultramarins. Je pense honnêtement que nous aurons assez peu de difficultés à le faire car je constate qu'il y a une envie extrêmement forte de participer aux dispositifs de citoyenneté et d'engagement outre-mer. On a vu lors de la consultation numérique, qui a touché 50 000 jeunes, que les jeunes ultramarins étaient les plus « emballés » par l'idée du service national universel. À chaque fois que je me déplace outre-mer, je vois des initiatives dans le cadre des écoles, notamment des classes « citoyenneté », et les régiments du service militaire adapté (RSMA) fonctionnent très bien. Il y a un terreau très fertile. Je pense donc que le dispositif va fonctionner.
Je vous confirme que mon objectif est que l'ensemble des départements français puisse participer au SNU dès l'an prochain. Il y a évidemment un enjeu pratique, opérationnel et très concret pour les outre-mer car une mobilité doit être organisée. En ce qui concerne la phase pilote, les 140 jeunes Guyanais appelés iront dans l'un des 12 départements métropolitains, et 140 jeunes métropolitains feront leur SNU en Guyane, dès cette année. J'insiste sur le fait que beaucoup de jeunes candidats souhaitaient aller en Guyane. Nos outre-mer exercent un attrait très fort en termes de découverte, ce qui est très positif.
Mme Lang m'a interrogé sur la place des élus locaux. J'ai indiqué tout à l'heure qu'ils jouent évidemment un rôle central. Ils sont présents, comme vous l'avez rappelé, dans les comités de pilotage autour des préfets, des recteurs et des délégués militaires départementaux. On leur proposera de participer aux deux cérémonies importantes de la phase de cohésion – celle du 18 juin, qui aura lieu dans tous les centres, et la cérémonie de clôture, placée sous l'égide du préfet, qui vise à achever la phase de cohésion et à avoir vraiment un rite de passage, symbolique. Plusieurs départements ont pris des initiatives afin de tester certaines choses. Je pense notamment au Cher, Mme Essayan. Comme vous l'avez indiqué, vous allez être accompagnée, pendant une journée, par des jeunes appelés à faire leur SNU : ils vont vous suivre dans vos activités. La préfète du Cher a souhaité proposer à tous les élus de recevoir des jeunes auprès d'eux ou dans les services publics communaux et départementaux, notamment. Je sens beaucoup d'intérêt et d'engagement des collectivités locales et des élus autour de ce projet, qui a beaucoup à apporter aux collectivités en termes de découverte d'autres territoires et d'opportunités pour des jeunes. Je pense qu'il y a vraiment quelque chose à développer en matière de cohésion territoriale.
M. Yannick Kerlogot m'a interrogé sur la préparation au vivre-ensemble. C'est un vrai sujet. Comment faire en sorte que ce service soit bien vécu par les jeunes, ce qui est naturellement l'objectif ? Je pense qu'il y a tout un travail à faire pour renforcer les espaces et les lieux de mixité en amont du SNU. J'ai indiqué tout à l'heure que je travaille avec M. Jean-Michel Blanquer sur la question des colonies de vacances. Je crois beaucoup en elles. Cela pourra faire l'objet d'autres échanges avec vous – je ne vais pas revenir sur l'ensemble de ce sujet – mais nous travaillons beaucoup à faire en sorte que plus d'enfants aient accès aux colonies de vacances. Cela soulève des enjeux financiers, bien sûr, mais aussi sociétaux, d'organisation, de communication et d'image, sur lesquels nous travaillons. J'ai lancé une campagne de communication nationale sur ce thème il y a quelques jours.
Il existe notamment un enjeu en matière d'information. La « phase 0 » du SNU aura lieu au collège, avec des réunions d'information à destination des jeunes et de leurs parents. Ceux qui passeront par les premières phases du SNU seront les premiers ambassadeurs de ce dispositif pour ceux qui suivront. Il est très important que ces premières phases soient réussies et que les jeunes puissent ensuite témoigner de ce qu'ils ont vécu, notamment en termes de fraternisation et de cohésion. Je crois beaucoup au rôle des premiers appelés pour la suite de la montée en puissance.
Je crois avoir répondu à toutes les questions…