J'ai été élu local, comme beaucoup ici – responsable d'une communauté de communes, maire d'un petit village. Je peux comprendre que le président d'une agglomération ou d'une communauté de communes soit réticent à freiner les désirs intempestifs et le consumérisme de ses concitoyens : certes, ils ne seront pas livrés dans la minute mais le lendemain matin.
Le rapporteur a eu la franchise d'évoquer les problèmes sociaux potentiels, et notamment les emplois qui seraient menacés par cette rationalisation du transport. Mais comprenez que ces arguments tiennent peu face à l'urgence climatique ! Encore une fois, si nous n'agissons pas contre les gaspillages, comment obtiendrons-nous des efforts sur l'essentiel : aller au boulot, s'occuper de sa santé, faire ses courses…? On ne peut pas à la fois lancer des cris d'alarme dans des colloques, signer des déclarations internationales disant que l'on va vers la fin du monde, et continuer de laisser des camionnettes se croiser pour qu'un client soit livré en deux heures – et obtienne un produit qui est, de surcroît, souvent inutile !
Il faut, je le crois vraiment, aider les collectivités territoriales à se montrer courageuses ; pour cela, il faut leur proposer une mesure simple – que l'on pourrait même imaginer d'accompagner, à terme, de façon fiscale ou réglementaire. La situation actuelle est aberrante et indéfendable !
Quant à la question de l'emploi, comparaison n'est pas raison, mais cela me rappelle la discussion de la loi PACTE, lorsque nous avons débattu de la production de pesticides dont l'usage est interdit dans notre pays, mais que certains voulaient continuer de vendre ailleurs. On nous a dit que 3 000 emplois étaient en jeu ; je prétends pour ma part que l'agro-écologie et les techniques qu'elle suscitera créeront beaucoup plus d'emplois que la phytopharmacie !
L'adaptation au changement climatique ouvre la perspective de centaines de milliers de nouveaux emplois – pour isoler les bâtiments, par exemple – alors que nous ne parlons ici que de quelques milliers d'emplois, qui devront en effet être transformés. La comparaison avec l'industrie automobile n'est pas acceptable ; c'est là un sujet sérieux, dont nous avons longuement débattu. Nous avons redit notre convergence pour trouver des solutions d'accompagnement des industries, des territoires, des personnes. Mais, encore une fois, la livraison privée par camionnette ne peut pas défendue au vu des enjeux climatiques. La disproportion des causes et des conséquences n'est pas acceptable.
Je maintiens l'amendement.