Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Séance en hémicycle du mercredi 12 juin 2019 à 15h00
Déclaration de politique générale du gouvernement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

C'est aussi au-delà de nos frontières que nous devons construire des réponses, en direction des populations déboussolées d'une mondialisation dérégulée. Le Président de la République en a fait le juste constat, hier, devant l'Organisation internationale du travail : quand un système économique laisse tant de citoyens sur le côté de la route, il devient illégitime à leurs yeux. Réintroduire des règles de concurrence équitables et protectrices de notre environnement est la seule façon de rétablir une confiance durable, un espoir. C'est particulièrement vrai pour l'Europe, qui est notre seul outil possible pour peser efficacement dans le monde et, en même temps, pour reconquérir des souverainetés perdues face à de grandes puissances continentales qui usent et abusent de la dérégulation mondiale.

À nous de forger cet outil en abandonnant le culte de la concurrence libre et non faussée qui obsède la Commission de Bruxelles depuis longtemps ; à nous de faire de l'euro une monnaie qui nous émancipe du dollar ; de faire face aux géants d'internet qui pillent nos données pour s'enrichir ; de bâtir une recherche européenne qui nous évite le décrochage technologique en cours ; d'utiliser la politique agricole comme un modèle d'aménagement du territoire, de préservation de l'environnement et d'amélioration de la santé par l'alimentation ; de mobiliser l'épargne populaire pour lutter contre le réchauffement climatique – autrement dit, de faire de l'environnement une priorité pas seulement pour nous – et d'imposer le respect de nos propres règles environnementales aux produits que nous importons. Nous savons que la situation politique en Allemagne ne facilite pas les choses, mais cela ne doit pas vous faire perdre de vue ces impérieuses nécessités.

Comme je vous le disais, nous attendons de cet acte II qu'il parle enfin à toute la France, celle qui vous a soutenus au second tour de l'élection présidentielle, et surtout qu'il s'adresse à la multitude de ceux qui se sentent oubliés, dont vous parliez tout à l'heure. C'est votre seconde chance pour le faire. Peut-être est-ce la dernière. Lorsqu'on dirige la France, en politique comme dans les autres domaines, il n'y a pas d'ennemis. Ceux qui ne sont pas à 100 % d'accord à vous, ne sont pas à 100 % contre vous. Il ne faut jamais attendre d'être au pied du mur pour débattre et échanger les points de vue.

« Nous ne reprendrons pas le cours normal de nos vies » avait dit le Président de la République le 10 décembre dernier. Rien ne serait pire que des espoirs déçus, que des leçons oubliées, bref, qu'un repli partisan, alors que l'état délabré de notre lien social commande le contraire. Le groupe politique UDI et indépendants suit une ligne constante depuis le début : il est constructif, comme le sont, en fait, tous les Français. Être constructif, c'est parfois dire « non » pour faire réfléchir, mais c'est toujours dire « oui » au meilleur compromis, à condition qu'il soit rendu possible, ce qui nécessite d'être au moins deux.

Cela nous a conduits, depuis le début du quinquennat, à refuser la défiance automatique, systématique, et finalement caricaturale à force d'être mécanique. Mais la confiance n'est pas non plus un a priori : elle se construit par l'exercice du réel au-delà des discours et des mots. Cela demeure notre attente. Le groupe UDI et indépendants l'exprimait, en 2017, par une abstention d'espoir qui n'a pas été satisfaite. Aujourd'hui, ce sera pour nous, majoritairement, une abstention d'attente de voir se traduire en acte les nouvelles intentions que vous venez d'afficher.

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