Avons-nous été écoutés ? J'en ai la conviction, au regard des annonces formulées par le Président de la République à l'issue du grand débat national, que vous venez d'exposer. Cette écoute sera-t-elle suivie d'actes ? Nous en sommes en revanche moins certains, et le discours que vous venez de prononcer n'a pas permis de lever tous nos doutes.
Après une première partie de quinquennat marquée par une recentralisation excessive, alimentant une défiance forte à l'égard des corps intermédiaires et des élus de terrain, vous avez compris qu'il était nécessaire de vous appuyer davantage sur les territoires, de mieux prendre en compte leurs diversités pour réformer le pays. Pour autant, notre groupe a le sentiment que votre acte de contrition n'est pas encore un acte de conversion. Un choc de décentralisation ne pourra en aucun cas se résumer à un transfert des services de l'État dans nos territoires : ne confondez pas déconcentration et décentralisation !
Une vraie décentralisation passe par un droit à la différenciation, par l'attribution d'un vrai pouvoir réglementaire, d'un vrai pouvoir d'expérimentation, et par l'autonomie fiscale. La loi NOTRe – loi portant nouvelle organisation territoriale de la République – a profondément déstabilisé, désorganisé et parfois abîmé nos territoires. Il nous est apparu anormal que vous n'ayez rien annoncé sur ces sujets aux députés cet après-midi, accordant la priorité aux sénateurs auxquels vous vous adressez demain.