puisque nous souhaitons nous aussi, par cet amendement, souligner le risque antisocial prégnant que comportent les ZFE.
Les plus fragiles sont les premières victimes de la pollution sans en être les principaux responsables ; Hubert Wulfranc l'a rappelé en s'appuyant sur un exemple des plus concrets. En France, les personnes vivant dans les quartiers pauvres et pollués ont cinq fois plus de risque de mourir que la moyenne lors d'un épisode de pollution, tout en payant quatre fois plus de taxe carbone en pourcentage de leurs revenus que les riches, qui émettent quarante fois plus de carbone qu'eux.
Les gilets jaunes ont exprimé une demande très claire de justice fiscale. Les ménages aux faibles revenus possèdent généralement des voitures plus anciennes et plus consommatrices de carburant, lequel pèse deux fois plus dans leur budget que dans celui des familles les plus aisées ; le pourcentage va en effet du simple au double. Un Français sur quatre, je le rappelle, dépense plus de 150 euros par mois pour aller travailler en voiture, et le transport représente 21 % des dépenses des ménages ruraux. Or les solutions alternatives sont rares, et souvent chères, quand elles existent.
Avec les ZFE, vous voudriez, premièrement, interdire la circulation des voitures les plus anciennes, principalement possédées par les plus fragiles de nos concitoyens, et donc, deuxièmement, priver ces derniers de l'accès aux centres-villes, au titre de la lutte contre la pollution de l'air. Nous ne contestons pas la nécessité de cette lutte, mais nous remarquons que ce sont eux qui en subissent les effets en premier, d'autant que – c'est le troisième point – vous n'offrez pas de solutions alternatives au tout-voiture. C'est la triple peine. Nous connaissions la double peine ; avec les ZFE, vous inventez la triple peine.
Comme Hubert Wulfranc, le groupe La France insoumise partage l'idée qu'il est nécessaire de lutter contre la pollution de l'air dans les grandes agglomérations et de réduire les impacts sanitaires et les injustices liées à cette pollution. C'est pourquoi il n'est pas cohérent de financer des rocades ou des contournements à coup de centaines de millions d'euros pour demander finalement aux gens de laisser leur voiture chez eux, puisqu'ils ne pourront pas l'utiliser pour entrer en ville.
Avant de proposer l'instauration de ZFE, il est donc indispensable de proposer toutes les solutions alternatives possibles au tout-voiture, qu'il s'agisse de transports en commun là où il n'en existe pas, de la gratuité de ces transports dans les zones urbaines ou d'un maillage ferroviaire fin permettant de se rendre des territoires ruraux dans les bassins d'emplois. Il n'est pas possible de mettre la charrue avant les boeufs.