Je n'adhère pas au culte du progrès qui réglera tout. Je ne crois pas, en effet, que le progrès réglera toujours tout sans que nous-mêmes ne fassions des efforts et ne changions notre rapport à la nature, sur la base des valeurs qui nous animent, dans cette société de consommation effrénée qui ne mène à rien. Il faut faire très attention à ne pas leurrer l'opinion publique et nos concitoyens en leur disant qu'ils n'ont pas à s'inquiéter et que le progrès technique fera tout. Le progrès technique nous aidera, mais il ne réglera pas tout, en particulier pour des transports qui nécessitent d'énormes quantités d'énergie. De toute façon, ces progrès poseront d'autres types de problèmes, comme on l'a bien vu notamment à propos du nucléaire – mais nous n'allons pas rouvrir ce débat. Tout est possible, mais les conditions de ce tout sont particulièrement compliquées.
Deuxièmement, je me réjouis que nous envisagions de doubler la taxe Chirac, et j'espère que nous le ferons. Quelle belle idée que cette taxe, un peu folle à l'origine ! Tout le monde pensait en effet qu'il était complètement fou de taxer les billets d'avion et, en plus, de donner cet argent pour l'aide au développement, c'est-à-dire pour les pays les plus pauvres. Si nous doublons le taux de la taxe Chirac pour doubler l'aide au développement, bravo ! Cela évitera que la Méditerranée, berceau des civilisations, n'en devienne le cercueil, avec toutes ces personnes qui y meurent sans parfois qu'on ne verse même une larme de crocodile. Tant mieux, donc : doublons le taux de la taxe Chirac et veillons à ce que cela puisse aussi nous aider à augmenter le budget de l'aide au développement, afin que les pays du Sud les plus pauvres puissent au moins continuer à se développer, compte tenu notamment des dégâts environnementaux que nous, Occidentaux, avons causé avec nos émissions de gaz à effet de serre et notre développement qui ne s'est pas soucié de celui des autres.