Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du vendredi 14 juin 2019 à 21h30
Mobilités — Après l'article 38

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

J'ai entendu plusieurs parlementaires chanter les louanges du secteur privé. Nous sommes en profond désaccord pour des raisons de fond. Bien sûr, il peut arriver que tout se passe bien – encore heureux ! Il demeure que l'intérêt général prévaut tant que le réseau et les services restent publics. Dès lors que la gestion est confiée au privé, les intérêts financiers et économiques priment sur l'intérêt général.

On peut penser à la délégation de service public, mais il existe d'autres types de contrats, comme les partenariats public privé. Je voulais prendre quelques minutes pour vous en parler, car il me semble extrêmement important de démystifier le privé, qui ferait prétendument toujours mieux que le public.

Rappelez-vous l'hôpital sud francilien, qui fut le premier à être construit en partenariat public-privé. Qu'ont constaté les experts après sa construction ? Pas moins de 8 000 malfaçons imputables à l'acteur privé à qui, chaque année, l'État verse des loyers pour entretenir le bâtiment, après l'avoir construit. Or les dysfonctionnements n'ont pas manqué, rendant très difficiles les conditions de travail des salariés et des soignants. Contentons-nous de citer le cas des portes qui ne s'ouvrent pas automatiquement pour laisser passer les brancardiers. Parce que vous étiez captifs d'un partenaire privé, il fallait parfois attendre des mois et payer quatre ou cinq fois le prix du marché pour que le problème soit résolu.

En outre, parce que l'entretien du bâtiment coûtait de plus en plus cher, il fallait prendre sur la masse salariale. Finalement, le partenariat public-privé fonctionnait si mal que l'État a préféré payer l'indemnité de rupture de contrat ! Les exemples qui témoignent que le privé ne fait pas mieux que le public sont légion, surtout quand il faut rémunérer les actionnaires ou les nombreux cadres ! Voyez Vinci ! Oh non, le privé ne vaut pas mieux que le public, il aurait même tendance à être pire !

Par cet amendement, nous nous opposons à l'ouverture à la concurrence des métros, des RER.

Mais prenons un autre exemple, celui de l'énergie. En juin 2015, le médiateur de l'énergie déclarait : « La concurrence était censée se traduire par une baisse de prix. Or, celle-ci est loin d'être au rendez-vous, particulièrement pour l'électricité dont les tarifs ont augmenté de 50 % depuis 2007. » La question reste la même : pourquoi ouvrez-vous à la concurrence des services qui fonctionnent correctement avec un service public dont vous vous dites fiers ? Nous le sommes aussi et nous souhaitons le conserver.

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