En février dernier, la Cour des comptes a de nouveau pointé les dysfonctionnements préoccupants de notre politique spatiale. Outre ces critiques récurrentes, qui semblent ne trouver aucun écho au sein des exécutifs successifs, et qui dénoncent la part excessive des coûts des lanceurs européens prise en charge par la France, l'institution révèle un secret de polichinelle : notre industrie spatiale est moins compétitive. Pire, elle souffre désormais d'une grave insuffisance d'investissements, qui va sans doute s'aggraver à l'aube du premier lancement d'Ariane 6, prévu pour 2020.
La Cour des comptes met également en cause les informations selon lesquelles Ariane aurait réussi à conserver sa première place sur le marché des lancements commerciaux. Au contraire, cette position aurait été récupérée dès 2017 par l'Américain Space X, dont le carnet de commandes aurait été équivalent, pour le premier semestre, à celui d'Ariane sur toute l'année.
La Cour préconise de nouveau une meilleure anticipation des risques budgétaires, et appelle surtout nos partenaires européens à renforcer une participation financière qui n'est absolument pas à la hauteur des ambitions affichées par les uns et les autres.
En Guyane, l'industrie spatiale représente 10 000 emplois directs et indirects, soit 3 % de la masse salariale privée locale, et plus de 40 % des recettes fiscales de l'octroi de mer. C'est dire si les errances en la matière risquent de coûter cher. Mais à la lecture des documents fournis par Bercy, il semble qu'en dépit du constat alarmiste de la Cour des comptes, la trajectoire n'ait pas bougé d'un iota. Pouvez-vous nous rassurer sur cette situation ?