La position du groupe La France insoumise n'a pas non plus varié depuis le mois d'avril dernier, nonobstant l'amendement présenté par le rapporteur, dont nous ne savons quelles pourront être les conséquences du point de vue fiscal. Nous partageons le diagnostic : le pouvoir d'achat, déjà en berne depuis 2008, n'a fait que se dégrader sous l'effet de la politique de ce gouvernement. Nous approuvons certaines dispositions – nous en avions d'ailleurs proposé d'identiques –, comme la réindexation des pensions de retraite, des allocations familiales ou des aides personnalisées au logement (APL).
Le Gouvernement peut certes se targuer d'une hausse de près de 2 % du pouvoir d'achat pour l'année 2019, mais il ne faut pas oublier qu'elle s'explique, à hauteur de 45 %, par les mesures prises au mois de décembre dernier, à la suite du mouvement des « gilets jaunes », arrachées de haute lutte par une mobilisation sociale inouïe. Il ne s'agit donc nullement d'un virage opéré en toute lucidité par un Gouvernement qui reconnaîtrait la souffrance des Français et chercherait à y remédier ; il s'agit plutôt d'un repli momentané qui nous oblige à beaucoup de vigilance.
Nous ne pouvons en revanche entonner avec les auteurs de cette proposition de loi l'antienne de la baisse des dépenses publiques pour financer les mesures proposées. Moins de dépenses publiques, c'est en effet moins de services publics, alors que ceux-ci participent pleinement à l'égalité républicaine et que les Français y sont attachés. Ce serait retirer d'un côté, notamment en matière de santé, ce qu'on donne de l'autre, en APL, en allocations, etc.
Notre opposition aux moyens proposés pour financer ces mesures en faveur du pouvoir d'achat n'est pas une opposition purement formelle. C'est un choix politique qui découle d'une certaine vision de l'économie. Il s'agit pour nous de rompre avec la logique d'austérité – toujours moins de dépenses publiques ! – et de relancer l'économie en confortant le pouvoir d'achat sans en rabattre sur les acquis sociaux des salariés.
Cette proposition de loi contourne le champ de la bataille des salaires. De meilleurs salaires amélioreraient le pouvoir d'achat tout en procurant davantage de ressources à l'État, qui pourraient être mieux redistribuées. Nous souhaiterions notamment de meilleurs salaires.
En somme, nous partageons le diagnostic, non la logique économique dont procède cette proposition de loi, dans le sacro-saint cadre d'une austérité qui, selon nous, entrave aussi bien le pouvoir d'achat que la relance de l'activité.