Intervention de Jean-Louis Bourlanges

Réunion du mercredi 12 juin 2019 à 9h30
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bourlanges :

Quel que soit le brio du rapporteur, ce débat me laisse un peu perplexe – comme, je crois, beaucoup d'entre nous. J'ai vraiment l'impression d'assister à une sorte de rituel, fondé sur le thème traditionnel : « Il faut demander davantage à l'impôt et moins au contribuable »... Je trouve que nous ne nous honorons vraiment pas en engageant le débat comme nous le faisons encore et encore – car c'est ainsi que l'on fait depuis une vingtaine d'années.

Disons-le franchement : nous savons bien que nos formations politiques n'obtiennent plus la majorité. Si la liste de la majorité a assez bien réussi aux élections européennes, nous avons obtenu, malgré tout, moins d'un quart des suffrages exprimés. Vous, Les Républicains, avec moins de 10 % des voix, vous vous êtes carrément plantés.... Les socialistes, n'en parlons pas. Les communistes, qui ont d'excellents parlementaires, ne sont pas reconnus par les électeurs.

Cette situation devrait nous inciter tous à une extrême modestie, car nous sommes tout de même confrontés à un problème très important, qui devrait nous interdire de donner dans le « y'a qu'à, faut qu'on ». Il est extrêmement facile de proposer de baisser les impôts : on n'a que l'embarras du choix. Je suis un peu d'accord avec Les Républicains sur le fait que la suppression de la taxe d'habitation n'est pas satisfaisante dès lors qu'elle n'est pas remplacée. Je suis aussi d'accord avec le rétablissement du quotient familial – nous avons mené des combats dans ce sens. Mais là n'est pas la question : nous savons bien que, depuis trente ans, la droite propose des baisses d'impôts et la gauche des augmentations des dépenses publiques. Cela nous a conduits là où nous en sommes, à savoir à la situation qu'évoquait notre collègue Charles de Courson.

Le problème de la dépense publique est entier. Les Français considèrent que c'est le train de vie des élus qui est en cause, alors que les deux assemblées et la présidence de la République représentent un millième de la dépense publique – autant dire rien. Mais nous ne sommes pas d'accord. On parle du train de vie de l'État ; en réalité, pour ces dépenses, nous sommes à l'os : dans tous les grands domaines – l'éducation nationale, l'armée, la justice, ou encore la police –, nous voyons bien qu'il faut plutôt des crédits supplémentaires que des économies. En revanche, les collectivités territoriales sont sacrées : on n'y touche pas, ou très peu – la majorité a d'ailleurs fait des efforts en la matière, relativement couronnés de succès. En ce qui concerne les dépenses sociales, peut-être nous y sommes-nous mal pris, mais quand nous avons essayé de nous y attaquer, cela a été un tollé. Le problème est là : depuis quarante ans, nous sommes incapables de maîtriser la dépense publique.

Chez Les Républicains, vous faites une opération politique – après tout, cela vous occupe – en demandant des baisses d'impôts. Nous, nous avons augmenté le pouvoir d'achat, et il est vrai qu'en contrepartie nous avons mis en veilleuse l'impératif de réduction des dépenses publiques – mais c'est là un problème qui nous concerne absolument tous. Ni les uns ni les autres, nous ne sommes dans une situation politique, vis-à-vis du pays, qui nous autoriserait à plastronner et à donner des leçons. Ce serait beaucoup mieux si nous essayions tous ensemble – en tout cas, les plus responsables d'entre nous – de voir comment on peut organiser une stratégie de réduction des dépenses publiques. Nous ne serons sérieux, aux yeux de l'opinion, que quand nous aurons fait ce travail.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.