Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du vendredi 14 juin 2019 à 15h00
Mobilités — Après l'article 37 bis c

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Je sais que nous travaillons tous à corriger cette anomalie, quelle que soit notre place dans le dispositif français – les Français dans ce domaine sont cohérents. Mais c'est assez insupportable. Les mêmes règles de tolérance et d'interdiction pourraient s'appliquer à toutes les mers dont les États européens sont riverains.

Ma seconde protestation concerne le tourisme, et peut-être pourrez-vous partager une partie de ma réflexion, madame la ministre. Le tourisme de masse que connaît notre époque pose un problème : il détruit ce qu'il prétend montrer. Des déplacements de masse et aussi vides de sens que ceux qui sont organisés interpellent notre conscience : cela vaut-il vraiment la peine ? Au motif que ces voyages créent de l'activité et que les touristes viennent dépenser, peut-on accepter un tel système qui voit se déplacer des milliers de gens dont l'activité essentielle consiste à acheter, dépenser, consommer – comme une sorte de paroxysme de la civilisation de la possession, cette civilisation dans laquelle on est parce que l'on consomme ?

Cinq cents paquebots sont bienvenus à Marseille – je ne vais pas dire le contraire. Mais imaginez-vous ces cohortes de gens qui font le tour de ville en courant, s'arrêtant à la Bonne Mère et en quelques autres lieux. C'est le tourisme de masse.

Un nombre croissant de pays commence à s'interroger : les dégâts ne sont-ils pas à ce point plus importants que les bénéfices qu'il faut s'en soucier ? Face à ce phénomène, les monuments parmi les plus beaux du monde sont contraints d'instaurer une file d'attente. Essayez d'aller à l'Alhambra, vous verrez que vous ne pouvez plus y accéder autrement que par un ticket qui établit votre tour – j'ai connu une période où les choses étaient plus décontractées. Mais ce palais finirait par mourir s'il devait être fréquenté par tous ceux qui prétendent s'y rendre à un rythme effréné.

Je ne dis pas qu'à cet instant et dans cet hémicycle, nous ayons à décider du sort du tourisme de masse dans le monde. J'observe qu'un nombre croissant de lieux et de villes proteste. Parfois, les populations en sont rendues à refuser cette forme de tourisme – je sais que des manifestations ont eu lieu sur ce thème à Barcelone et dans d'autres villes. Les gens disent : « ça suffit, nous ne pouvons plus continuer comme ça, nous ne pouvons pas être le lieu de passage de marées humaines qui pour finir détruisent plus qu'ils ne produisent ».

Ce n'est pas le sujet à cet instant, j'en conviens. Mais l'extension de l'autorité des préfets pour interdire et pour punir que nous souhaitons n'a qu'un but : obliger les communes et les autorités compétentes à installer l'alimentation électrique par exemple, faute de quoi elles ne seraient plus autorisées à accueillir des paquebots. On ne peut pas se contenter de laisser cela au bon vouloir des armateurs. Il faut également imposer que les moteurs responsables de tant d'émissions nocives soient coupés pendant l'escale. Cet argument peut être entendu, il n'est pas spécialement partisan, toute personne de bon sens peut l'approuver.

Ensuite, nous devons obtenir que les règlements en Méditerranée soient les mêmes qu'en mer du Nord. À la fin du mois se tiendra à Marseille une réunion entre les pays de ce qu'on appelait autrefois le dialogue 5+5, c'est-à-dire les pays riverains du petit bassin de la Méditerranée. À cette occasion, une conscience commune pourrait surgir et la proposition pourrait être faite – peut-être comptez-vous la faire, madame la ministre – que l'ensemble de ces pays adoptent des normes environnementales pour les carburants marins identiques à celles de la mer du Nord. Cela fait partie des éléments qui peuvent être mis sur la table de ce sommet des deux rives. Nous commencerions bien si nous autres Français, nous les introduisons dans notre droit.

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