C'est ainsi 1,8 milliard d'euros qui échappe durablement aux caisses de l'État, soit, peu ou prou, le budget consacré à l'outre-mer.
En définitive, en plus d'avoir aggravé les déficits, les mesures destinées aux plus aisés et au secteur marchand ont eu pour effet très concret de nous priver des moyens équivalents aux crédits alloués aux prisons, à la justice dans son ensemble, qu'il s'agisse de la justice administrative, de la justice judiciaire et de la protection judiciaire de la jeunesse, à l'outre-mer, à l'asile et à l'immigration et à l'INSEE. C'est absolument hors du commun. L'État a accordé aux plus aisés et aux grands groupes l'équivalent des crédits alloués à toutes ces missions de service public ! Tout cela pour un petit nombre ; tout cela pour une sombre histoire de ruissellement à laquelle personne ne croit, à l'exception de ces fameux prédicateurs libéraux que j'évoquais plus tôt.
Les quelque 3 milliards d'euros de baisse de la taxe d'habitation, qui fragilisent, par ailleurs, l'autonomie des collectivités, apparaissent bien faibles au regard de cette privatisation de nos finances publiques. Les faits sont têtus, les chiffres aussi. La taxe d'habitation a baissé de 3 milliards d'euros pour 80 % de ceux qui s'en acquittent – globalement une partie des classes moyennes et populaires. Mais en parallèle, ceux de nos concitoyens qui appartiennent justement à ces classes moyennes et populaires ont payé 4,3 milliards d'euros de TVA et 2,6 milliards de taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques – TICPE – supplémentaires par rapport à 2017.
La TVA, que tout le monde connaît, et la TICPE, que l'on règle à la pompe, progressent alors que ce sont deux leviers fiscaux ô combien injustes et anti-redistributifs : en effet, ils pénalisent plus fortement les ménages dont les ressources sont les plus faibles. L'impact de la TICPE est d'ailleurs d'autant plus lourd qu'il n'existe pas d'offre alternative crédible à la voiture – l'actualité nous l'a montré.
Un cercle vicieux s'installe : des inégalités économiques engendrent des inégalités environnementales et des politiques écologiques, ou prétendument écologiques, peuvent exacerber des inégalités sans corriger les modes de consommation de celles et ceux qui polluent le plus. Comme cela est désormais prouvé, les très riches émettent quarante fois plus de carbone que les pauvres, quand les pauvres paient plus de quatre fois plus de taxe carbone en pourcentage de leurs revenus.
Justice sociale et justice environnementale, urgence sociale et urgence environnementale : qu'on se le dise, ces deux problématiques sont indissociables. Elles constituent les deux boussoles du projet communiste que nous défendons dans cet hémicycle.