Je vais répondre à Mme Thourot et aux intervenants de la majorité et puis, si vous le permettez, formuler une conclusion à ces débats.
Chers collègues de la majorité, vous aviez d'abord indiqué que vous ne participeriez pas au vote, ce que j'aurais pu comprendre. Malheureusement, vous vous êtes laissé entraîner dans cette forme de logique un peu binaire qui vous guide depuis deux ans : vous êtes les détenteurs de la vérité et tout ce qui ne vient pas de vous participe de l'expression de l'erreur, de la faute. Dans d'autres temps, mais c'était dans des législatures que, je crois, personne d'entre nous n'a connues, on évoquait la différence entre l'ombre et la lumière… Vous adoptez un peu cette logique, à l'opposé de l'esprit d'ouverture dont on vous entend parler dans tous les discours. Cela démontre bien que nous sommes face à une stratégie de communication totalement fictive, virtuelle, irréelle et opposée à tout caractère pragmatique.
Cet amendement est le symbole de cette attitude. À la limite, pour des raisons de forme, vous pourriez ne pas participer au vote, mais vous allez voter contre une disposition que vous avez vous-même formulée… J'y vois la quintessence d'une forme de fermeture, d'autres ont parlé de sectarisme : vous votez contre une proposition parce qu'elle vient d'un membre de l'opposition, quand bien même elle s'inscrit dans une démarche que vous avez vous-même initiée. J'avoue être quand même assez stupéfait par cette attitude qui vous conduit à voter contre votre propre proposition, simplement pour des raisons de logique politicienne qui sont à l'inverse de ce que vous prônez en permanence et de ce que veut essayer de traduire cette majorité. Si nos policiers ou nos concitoyens écoutaient ces débats, ils ne pourraient pas raisonnablement comprendre que vous vous opposiez à une mesure qui vient de vous.
D'une façon plus générale, pour conclure l'examen de ce texte, je répète que nous avons besoin d'un consensus sur ces sujets : je l'appelais de mes voeux en introduction. Si ce Livre blanc prévoit des moyens et conduit à une loi de programmation, j'aurai naturellement envie de l'approuver. J'ai voté en faveur des treize lois proposées par le gouvernement socialiste au cours de la précédente législature. Vous n'étiez pas là, madame Thourot. M. Fauvergue, lui, était directement exposé à la menace terroriste. Dans un cadre d'unité nationale, j'ai personnellement voté en faveur de toutes les lois proposées.
Nous pourrions faire oeuvre utile pour une fois. Nous nous rejoignons tous, y compris dans ces circonstances dramatiques, dans les hommages à nos policiers et à nos gendarmes qui ont payé un lourd tribut. Il s'agit de protection de la nation. Mme Obono mise à part, nous sommes à peu près tous d'accord sur la nécessité de conférer plus de moyens à nos forces de l'ordre. Nous sommes tous d'accord sur la nécessité de mieux protéger l'uniforme – nos pompiers, nos policiers. Qui peut tenir un discours inverse, dire qu'il faut moins de protection et que tout va bien ?
Vous refusez de bouger en faisant valoir un texte potentiel, éventuel, qui pourrait être présenté dans quelques mois et appliqué au cours de la prochaine législature. Ce n'est pas très responsable. On peut ne pas être d'accord sur tout, mais j'avoue ne pas comprendre votre logique de fermeture. Compte tenu de la reconnaissance et de l'engagement que nous devons à nos forces de l'ordre, je trouve que votre attitude, dictée par des raisons très politiciennes, est un peu déplacée.